Les participants
Nos ateliers peuvent concerner des groupes homogènes ou mixtes, concernés ou non par une thématique particulière. Les groupes homogènes peuvent être des habitants d’un quartier ou d’une ville, des femmes ou des jeunes ou des salariés ou des acteurs sociaux professionnels (par exemple des travailleurs sociaux qui veulent travailler sur les évolutions de leur métier ou des acteurs de l’économie sociale et solidaire ou des agents de développement local) ou d’usagers (par exemple des locataires ou des usagers de la CPAM ou de Pôle-emploi) ou de militants associatifs ou syndicaux (par exemple des associations ou ONG oeuvrant pour la défense de l’environnement) Les groupes mixtes que nous développons le plus souvent possible réunissent des citoyens et des professionnels concernés par une thématique commune (par exemple des élus, des salariés et des habitants d’une collectivité locale pour travailler ensemble sur la relation ville-habitants ou des résidents et des personnels de Foyers logements pour personnes âgées pour travailler sur le projet de la structure, sa vie interne, ses instances participatives, ses relations avec l’extérieur ou encore des adolescents accueillis et l’équipe éducative). Les groupes mixtes permettent de travailler une question à partir de différents points de vue, de quitter les à-priori en ayant accès aux contraintes et réalités des autres, de mieux cerner les mécanismes à l’oeuvre, de construire des objectifs communs, d’imaginer des actions de transformation concrètes et réalisables et d’instaurer des relations positives sur le long terme. Les groupes sont constitués par l’initiateur de l’atelier. NAJE peut participer à la mobilisation des participants.Les thèmes des ateliers
Les ateliers que nous dirigeons peuvent concerner des thématiques très ouvertes comme précises. Par exemple: les violences faites aux femmes, les questions de genre, la transformation des conditions de travail, les problématiques parentales, la démocratie, les relations élus-habitants ou élèves – équipe éducative ou usagers – services, les conditions de vie des jeunes, l’accès à l’emploi, le fonctionnement de la justice, la vie du quartier ou de la ville, l’habitat, l’environnement…
La durée
Selon que l’atelier doit aboutir ou non à la production d’un spectacle de théâtre-forum, sa durée peut varier de 1 à 20 journées.
Un atelier peut être conçu sous forme de stage ou être programmé sur plusieurs sessions réparties dans le trimestre ou l’année. Selon les participants, ils peuvent se dérouler en semaine ou en weak-ends ou en période de vacances scolaires. En Ile de France il est parfois possible d’imaginer des ateliers fractionnés en demi-journées ou en soirées.Le lieu
En général, les ateliers sont menés dans des locaux mis à disposition par l’initiateur de l’atelier. Ils doivent être accessibles aux participants, assez spacieux, agréables et peu encombrés de mobilier pour que les participants puissent être libres de leurs mouvements et du bruit qu’ils produisent.L’équipe de NAJE
Nos ateliers sont dirigés par deux comédiens de NAJE.Le coût
800 euros par journée (plus frais de déplacements, repas et hébergement lorsqu’il y a lieu)Note méthodologique concernant nos ateliers avec les acteurs de terrain
Nous travaillons à construire un Théâtre de l’Opprimé. Il y a trois mots dans ce nom : Théâtre c’est à dire croisement des représentations du monde, donc culture. Opprimé donc lutte, opprimé c’est un contraire de déprimé et d’aliéné. Le troisième mot, c’est de, de parce que ce n’est pas un théâtre pour ou sur l’opprimé, C’est un outil dont nous nous dotons pour travailler collectivement sur ce que nous voulons changer.
Notre action s’inscrit à l’articulation entre individuel et collectif . Elle a trois visées essentielles
1/ Donner aux personnes des outils pour se construire comme des sujets : des êtres de vouloir, de pensée, d’agir, des êtres qui, de cette manière, redéfinissent leur identité en s’affranchissant de celle qui leur est imposée par le discours du dominant.
2/ Déclencher, par la mise en débat public des sujets qui nous concernent, un processus de mobilisation et d’actions transformatrices. Ce processus est porté par les habitants et par ceux qui, professionnels au sein des institutions se sont alliés à cette démarche, mus comme nous par une volonté de transformation.
3/ Analyser le fonctionnement de nos institutions, dévoiler ce qu’elles produisent et qui ne nous convient pas afin, et c’est le but, d’agir pour empêcher leur perversion.
Notre travail est évidemment subversif puisque c’est à ceux pour qui il est vital de faire bouger les choses que nous demandons de mener un travail d’analyse de nos institutions, et de chercher comment agir pour les rendre plus conformes à ce qui est pour nous le fondement de la société que nous voulons : les droits de l’homme et du citoyen.
Avant d’aller plus loin, il nous faut vous permettre de faire des images de ce qu’est la méthode que nous pratiquons. Nous dirons simplement ce qu’est un théâtre-forum public. Cela consiste à jouer des séquences théâtrales qui disent une oppression, en donnent les enjeux. Dans nos scènes, le protagoniste, celui qui nous représente et porte notre volonté de transformation, n’arrive pas à faire aboutir sa volonté parce que ses antagonistes, dans le conflit qui les oppose, ont des outils pour imposer la leur.
La scène est jouée une fois jusqu’au bout, jusqu’à l’échec du protagoniste. Puis elle recommence une deuxième fois mais là, chaque personne de la salle peut alors l’interrompre à tout moment pour remplacer le protagoniste sur scène et, à sa place, dans l’histoire, tenter de transformer la situation. Les interventions des spectateurs se succèdent, allant dans des sens différents, le débat s’installe. Il est dirigé par un animateur de séance que nous appelons joker.
POUR CREER UN SPECTACLE DE THEÂTRE-FORUM, IL FAUT D’ABORD CRÉER LE MATÉRIAU QUI LE PERMET. CELA SE PASSE DANS LES GROUPES.
Il y a d’abord les récits
Le groupe travaille à partir des récits que font les participants d’histoires qu’ils ont vécu et dans lesquelles ils sont opprimés. Ils les racontent uniquement parce qu’ils veulent agir sur elles. Nous sommes loin -déjà- de la société virtuelle dont nous croyons généralement faire partie à cause des médias et dans ou contre laquelle nous avons le sentiment de ne pas pouvoir agir. Nos histoires sont inscrites dès le début comme des volontés d’action et de lutte.
Nous lisons aussi, ensemble, des textes pointus d’économie, de philosophie, de politique etc. ou nous rencontrons ensemble des experts des questions que nous traitons. Ces textes ou ces interventions d’experts font le lien entre cette micro société des histoires racontées dont nous faisons partie et cette macro société dont nous faisons médiatiquement ou électoralement partie.
A travers ces apports, s’opère le choc entre les faits vécus et les concepts opératoires, en ce sens que les concepts sont mis à l’épreuve des faits vécus et les faits vécus sont revisités par les concepts.
Les participants livrent donc des histoires douloureuses, la violence des rapports de domination, la manière dont ils vivent les rapports avec la justice, l’école, les travailleurs sociaux, la CAF, la DAS,Pôle-emploi, la mairie, la politique de la ville… jusqu’au front national fait aussi partie de nos sujets à Paris et ailleurs.
Chaque récit en déclenche d’autres, en écho ou en ruptures, finalement ce ne sera plus l’histoire d’Anifa avec la justice mais les histoires croisées d’Anifa, Jamila, Serge, Mamadou qui seront convoquées.
Ainsi émerge, avec les croisements des histoires individuelles, une analyse de l’institution en question, la justice par exemple, de ce qu’elle véhicule comme idée de la société, de ce qu’elle veut obtenir, de ce qu’elle crée, de ses fonctionnements et surtout de là où, selon le groupe, elle disfonctionne, de là où nous ne sommes plus d’accord.
Ensuite, il y a la création théâtrale
Les histoires, une fois racontées sont travaillées avec nos techniques. Elles changent alors de statut : de personnelles, elles passent sous la responsabilité du groupe. Elles deviennent alors collectives et tendent à l’universel.
Notre travail de création consiste à créer à la manière de cette statue de Giacometti : “l’homme qui marche”. Il faut gratter, épurer, enlever tout ce qui n’est pas nécessaire pour atteindre ensemble la représentation que nous voulons en faire. Et quand je dis nous, c’est bien que ce travail de dramaturgie est réalisé par l’ensemble du collectif constitué par les participants et nous.
Mettre en théâtre, c’est d’abord donner un point de vue sur la réalité. C’est un travail d’interprétation qui se réalise.
Quand une personne construit l’image de son oppression, elle passe souvent un long moment en tentatives, pas seulement pour trouver comment montrer ce qu’elle connaît déjà mais aussi et surtout pour élaborer ce qu’elle veut dire, pour préciser les enjeux qu’elle perçoit dans son histoire, bref pour transformer son vécu en connaissance utile pour la transformation.
Ce qu’elle a vécu, senti, elle le sait. Ce qui motive le ou les antagonistes de son histoire, leur objectif, leur propre vision du monde…etc… le groupe va devoir le chercher cela se fait par les improvisations successives, les croisement d’interprétations des personnages….
Puis il y aura les renseignements dont le groupe se rend compte qu’il a besoin.
En effet, la caractéristique du Théâtre-Forum, c’est que l’objet théâtral que nous avons créé devra bouger lorsque les spectateurs monteront en scène et, pour le faire bouger, il nous faut posséder tous les éléments du milieu sur lequel nous travaillons. Il ne suffit pas de raconter l’histoire, il faut aussi savoir comment l’institution en question fonctionne. Ces renseignements, le groupe ira les chercher auprès de ceux qui les possèdent et qui sont solidaires de notre travail.
C’est ainsi que la connaissance s’organise, par le travail interne et par la confrontation avec les informations extérieures. Enfin le groupe saura exactement ce qu’il veut dire et saura aussi que cela nous concerne tous.
Ceux ou celles qui vivent une situation d’oppression en développent une acuité très fine parce que c’est dans leur chair qu’elle s’inscrit. Lorsqu’on leur donne la permission de penser, la confiance en leur capacité, les outils pour le faire et l’envie d’agir, ils deviennent collectivement en capacité de développer une analyse très percutante des fonctionnements sociaux et des institutions. C’est bien pour cela que nos alliés dans les institutions font appel à nous, mus par cette même volonté de transformation. C’est bien pour cela aussi, que nous travaillons là, parce que nous apprenons avec eux ce que nous voulons connaître.
Enfin, il y a le spectacle de théâtre-forum.
C’est la confrontation avec les spectateurs du travail du groupe, du point de vue qu’il a pris et du discours qu’il tient. Ce sont eux qui vont faire exister ce que le groupe a préparé pour eux. Ce sont eux qui vont tout transformer encore en acceptant la proposition qui leur est faite de chercher comment changer les choses.