Actus

NAJE en février 2022

L’actu de la Cie NAJE en février

En février, nous jouons la nouvelle mise en scène sur les violences faites aux femmes de plus de 65 ans (avec Malakoff Humanis), et nous poursuivons les répétitions des deux chantiers : « Le Monde à l’envers » et « Racisme structurel et privilège blanc ». Il y aura aussi des ateliers et un stage de formation au théâtre-forum.

Le spectacle de la Cie NAJE en février

Pour le meilleur ou pour le pire » : le 1er février à Paris. Ce spectacle traite des violences faites aux femmes de plus de 65 ans. Il a été créé avec Malakoff Humanis.
Pour participer à l’un de nos spectacles, contactez plusieurs jours avant la Compagnie NAJE afin de lui laisser le temps de demander votre invitation à la structure qui organise le spectacle : compagnienaje92@gmail.com

Les ateliers et formations de février

Formations diverses
Missions locales du 91 (programmes « Jeunes et femmes » pour des jeunes femmes concernées par les violences et « Égaux » pour les jeunes hommes).
• Trois jours d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale de Bretigny.Dans le cadre du programme « Osée »
Une journée d’intervention, à la demande d’ATD-Quart Monde, dans le cadre d’une formation préparant des militant.es ATD et des jeunes peu scolarisé.es à des concours aboutissant à des diplômes d’État.

Dans le cadre du programme « jeunes actifs »
Trois journées à la Mission locale d’Evry (91).

Une captation vidéo de notre spectacle « Je suis bien chez moi et j’y reste »

Le 30 novembre 2021, la Cie NAJE présentait au théâtre Nouvelle France du Chesnay (78) la première de « Je suis bien chez moi et j’y reste ». Créé à la demande de l’assurance-retraite Île-de-France et AG2R La Mondiale, avec le soutien de la Conférence des financeurs du Val-de-Marne, ce nouveau spectacle traite de l’adaptation du logement des seniors. Jean-Paul Miotto a filmé les neuf scènes qui le composent.

La première du spectacle filmée par Jean-Paul Miotto

 

Réservez vos places pour « Tu viens d’où, toi ? »

la compagnie NAJE &
la LDH Paris 10/11proposent
un spectacle de théâtre-forum
Tu viens d’où toi ? a été pensé par la compagnie de théâtre Naje et la LDH Paris 10/11. Notre troupe est 50% blanche et 50% racisée, moitié jeunes moitié retraités et nous venons de différents milieux sociaux.
Notre question c’est comment agir face au racisme structurel et comment s’allier, entre blancs et racisés, dans la lutte décoloniale et antiraciste ?

samedi 5 mars à 20h00 – dimanche 6 mars à 15h00

Maison des métallos

94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris
Prix : 10 € ;  RSA : 2 € ;  SMIC : 5 € ;  Soutien : 20 €
Pour + d’infos et pour réserver, cilquez ici
Si vous n’avez pas de carte : envoyez un chèque à l’ordre de NAJE ou espèces à
Irene Rodgers, 15 rue Faidherbe, 75011 Paris
Précisez la date de représentation, votre adresse mail et votre numéro de téléphone.

NAJE en janvier 2022

L’actu de la Cie NAJE en janvier

En janvier, nous poursuivons la nouvelle mise en scène sur les violences faites aux femmes de plus de 65 ans (avec Malakoff Humanis), nous terminons l’écriture du spectacle du chantier et nous en commençons les répétitions. Il y aura aussi deux spectacles et des interventions de formation.

Projection du film « Ladie Burger »

Pendant le chantier « Le monde à l’envers », nous avons rencontré Amandine, qui est venue en novembre nous parler des Gilets jaunes et des violences policières. Elle a réalisé un film, « Ladie Burger », portrait d’une femme Gilet jaune amiènoise qui n’avait jamais milité et s’est engagée corps et âme dans ce mouvement. On la voit se transformer, se révéler au contact de la lutte, on comprend aussi les difficultés qu’elle rencontre. La Compagnie NAJE organise une projection de ce film, en présence d’Amandine, le 12 janvier à 18h30 à Paris 20ème.
Si vous souhaitez y participer, inscrivez-vous à compagnienaje92@gmail.com
Attention, la jauge sera réduite, donc ne tardez pas trop ! Comme il s’agira d’une initiative publique, le lieu d’accueil demandera aux participant-es d’avoir un passe sanitaire.

 

Les spectacles de la Cie NAJE en janvier

Comment parler avec ses ados de sexualité et des discriminations liées à
l’orientation sexuelle : le 14 janvier à Nevers (58), à la demande d’un centre
socio-culturel.
« Je suis bien chez moi et j’y reste » : le 18 janvier, au Kremlin-Bicêtre (94).
Ce spectacle traite de l’adaptation des logements pour les personnes âgées en perte
d’autonomie. Il est suivi d’un atelier animé par une ergothérapeute du réseau Adaptia.
Pour participer à l’un de nos spectacles, contactez plusieurs jours avant la Compagnie NAJE afin de lui laisser le temps de demander votre invitation à la structure qui organise le spectacle : compagnienaje92@gmail.com.

Les ateliers et formations de janvier

Formations diverses
Missions locales du 91 (programmes « Jeunes et femmes » pour des jeunes
femmes concernées par les violences et « Égaux » pour les jeunes hommes).
• Trois jours d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale de Savigny.
• Trois jours d’atelier « Égaux » à la Mission locale de Grigny.
Dans le cadre du programme « Osée »
Une journée d’intervention, à la demande d’ATD-Quart Monde, dans le cadre d’une
formation préparant des militant.es ATD et des jeunes peu scolarisé.es à des
concours aboutissant à des diplômes d’État.

 

Les comédien.nes de NAJE disent leur travail lors de la fête des 20 ans de la Cie (film de René Baratta)

René Baratta nous envoie ce mois-ci le film qu’il a réalisé lors de la fête des 20 ans de NAJE en 2017. Il y a nos récits sur notre métier, sur les personnes que nous avons rencontrées. Un grand merci à lui pour de ce cadeau inattendu !

René Baratta est ergonome et réalisateur de documentaires. Il a beaucoup œuvré sur le travail. Il nous avait aussi fait l’amitié de réaliser un documentaire sur un chantier que nous avons fait.

 

NAJE en décembre 2021

L’actu de la Cie NAJE en décembre 

Un agenda très très chargé comme ces derniers mois : seulement deux représentations, mais de l’écriture, le démarrage d’une nouvelle mise en scène sur les violences faites aux femmes de plus de 65 ans (avec Malakoff Humanis), et des interventions de formation.

Les spectacles de la Cie NAJE en décembre

« Puisqu’il faut bien vieillir »
Le spectacle parle du vieillissement dans différentes dimensions, mais il est ouvert à tou.tes (il a été joué cinq fois en septembre, octobre et novembre).
Le 1er décembre, à Rungis (94).
Le 10 décembre, à Chevilly Larue (94).

Les chantiers de la Cie NAJE en décembre 

Notre atelier sur le racisme structurel et le privilège blanc
Nous poursuivons les répétitions du spectacle, que nous jouerons pour la Ligue des droits de l’Homme au printemps 2022.
Le chantier national « Le Monde à l’envers »
Dernier week-end de récolte des matériaux en décembre. Nous rencontrerons Fethi Bretel, psychiatre, qui viendra nous parler de comment ce monde nous rend malades.
Le texte du spectacle sera ensuite écrit par Fabienne et Jean-Paul, et les rôles distribués pour pouvoir commencer les répétitions en janvier.

Les ateliers et formations de décembre 

Formations diverses
Missions locales du 91 (programmes « Jeunes et femmes » pour des jeunes femmes concernées par les violences et « Égaux » pour les jeunes hommes).
• Deux jours d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale de Melun (la première journée a eu lieu en novembre).
• Dernier jour d’atelier « Égaux » à la Mission locale de Montgeron (les deux premiers ont eu lieu en novembre).Dans le cadre du programme « jeunes actifs »
Trois journées à la Mission locale d’Evry (91).Initiation aux outils du théâtre-forum
Deux journées de formation aux techniques du théâtre-forum pour des pratiquant.e.s professionnel.le.s de la méthode Gordon (communication non violente).

Formation à la prise de parole en public
Deux sessions de trois journées, à Lorient et à Paris, pour des syndicalistes avec Culture et Liberté.

 

NAJE en novembre 2021

L’actu de la Cie NAJE en novembre

Novembre, ce sera entre autres le temps des répétitions et du travail de mise en scène du spectacle « Je suis bien chez moi et j’y reste ». Ce spectacle s’adresse aux personnes âgées en perte d’autonomie et traite de l’adaptation des logements : la liberté de choix, le regard porté sur le vieillissement, le financement des aides techniques, les choix politiques sur l’adaptation des logements, les conflits avec les enfants. Les représentations de ce spectacle sont suivies d’un atelier animé par une ergothérapeute du réseau Adaptia. Il a été créé grâce au financement de la Conférence des financeurs du Val de Marne, d’AG2R et de la CNAV. La première représentation aura lieu le 30 novembre au Chesnay (78).

Les spectacles de la Cie NAJE en novembre

À destination des personnes âgées et de leurs proches

  • « Puisqu’il faut bien vieillir » : le 15 novembre, à Noiseau (94). Il parle du vieillissement dans différentes dimensions, mais il est ouvert à tou.te.s. Il a été joué trois fois en septembre et octobre et continuera à l’être en décembre.
  • Sur la dépendance et les aidant-es : le 16 novembre, à Fleury-sur-Orne (14). À la demande du CCAS.
  • Sur le vieillissement : le 19 novembre, à Créteil (94). Aux Rencontres pour l’autonomie de Créteil.
  • « Je suis bien chez moi et j’y reste » : le 30 novembre, au Chesnay (78). Ce spectacle traite de l’adaptation des logements pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Il est suivi d’un atelier animé par une ergothérapeute du réseau Adaptia.

Sur l’égalité femmes-hommes et les violences faites aux femmes

  • Le 20 novembre, à Bagneux (92), à la demande de la Ville, sur l’égalité femmes-hommes.
  • Le 23 novembre, à Joinville-le-Pont (94), à la demande du CCAS, sur l‘égalité femmes-hommes.
  • Le 25 novembre, à Creil (60), à la demande de l’association Interm’Aide Creil, sur les violences faites aux femmes.

Les chantiers de la Cie NAJE en novembre

Notre atelier sur le racisme structurel et le privilège blanc
Nous poursuivons les répétitions du spectacle, que nous jouerons pour la Ligue des droits de l’Homme au printemps 2022.
Le chantier national « Le Monde à l’envers »
Deux week-ends sont prévus en novembre. Nous y parlerons des frontières, avec un chercheur et une militante associative de Calais ; de violences policières, avec des femmes Gilets Jaunes ; d’agro-alimentaire et de sécurité sociale de l’alimentation avec des militant-es associatifs ; d’économie symbiotique avec une chercheuse. Nous nous retrouverons pour un dernier week-end en décembre, avant l’écriture du spectacle.

Les ateliers et formations en novembre

Formations diverses

Missions locales du 91 (programmes « Jeunes et femmes » pour des jeunes filles concernées par les violences et « Égaux » pour les jeunes hommes).

  • Trois jours d’ateliers « Jeunes et femmes » à la Mission locale des Ulis.
  • Première journée d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale de Melun (les deux autres journées auront eu lieu en décembre).
  • Trois jours d’atelier « Égaux » à la Mission locale d’Étampes.
  • Deux jours d’ateliers « Égaux » à la Mission locale de Montgeron (le troisième aura lieu en décembre)

SRFD/DRIAAF Île-de-France : une journée d’atelier pour des classes de lycée agricole à Rambouillet (78).

[Monde à l’envers] Benoît Labbouz : « La PAC continue à aider l’agriculture qui va à l’envers »

Dans le cadre du chantier national « Le monde à l’envers », nous avons accueilli le dimanche 17 octobre Benoît Labbouz, enseignant-chercheur, qui est venu nous parler agriculture, environnement et alimentation.

 

Jusqu’en septembre 2021, j’étais enseignant et chercheur dans une école d’agronomie et je travaillais sur la protection de l’environnement.

J’essaye, à travers mon enseignement, d’expliquer comment et pourquoi l’agriculture fait beaucoup de dégâts sur l’environnement.

  • Pour quelles raisons peut-on dire que l’agriculture va à l’envers ?
  • Comment on en est arrivé là (les causes) ?
  • Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour fonctionner autrement ?

 

1/ Pour quelles raisons peut-on dire que l’agriculture va à l’envers ?

 

Ça ne va pas pour les agriculteurs

En France, il y a 400 000 exploitations agricoles (en 1960, c’était huit fois plus) pour environ 1 million de travailleurs. Plus de la moitié de ces travailleurs ne gagne pas d’argent (voire en perd) et a un salaire grâce aux aides de la société.

C’est une des professions dans laquelle il y a le plus de suicides.

Les plus grosses exploitations ont le plus d’aides. C’est ainsi que se sont créées les grandes cultures céréalières autour de Paris et plus au nord.

C’est une des professions les plus exposées au niveau de la santé à cause des produits phytosanitaires : en 1960, on ne parlait pas de la santé des agriculteurs. Quelques-uns seulement ont osé porter plainte contre les fabricants.

L’émission « Envoyé spécial » a révélé au grand public les cancers, les enfants qui naissent handicapés. Elle a notamment fait effectuer des prélèvements de cheveux d’enfants dans 4 écoles autour de Bordeaux pour les analyser. On a trouvé des traces de pesticides.

Les entreprises fabriquant les pesticides travaillaient à l’origine dans le secteur de la chimie. La fabrication des pesticides est pour elles une véritable manne financière.

 

Ça ne va pas pour les consommateurs

Cette agriculture coûte très cher à la collectivité, produit des aliments de moins bonne qualité (valeur nutritionnelle pauvre), qui ont moins de goût, et qui sont responsables, avec les aliments transformés et « ultra-transformés », de maladies comme le diabète, l’obésité…

La grande distribution (Charal, Carrefour, Lactalis, Danone, etc.) profite indirectement des aides puisque, grâce à elles, ces enseignes achètent à faibles prix aux agriculteurs, et peuvent donc faire une marge importante en vendant des aliments.

 

– Ҫa ne va pas pour l’environnement

Un tiers des oiseaux des champs a disparu. Les insectes mourant à cause des pesticides, certaines espèces d’oiseaux n’ont plus de nourriture. L’agriculture intensive a détruit les haies, les arbres et les mares qui sont leurs lieux de vie. Il faut dire qu’en 1970, afin de faciliter et de mieux rentabiliser l’exploitation de la terre, on a eu l’idée du remembrement. L’État a financé les travaux pour enlever les haies et rendre les terrains plus plats, les parcelles plus grandes…

Avant, la Beauce et la Picardie étaient constituées de petites parcelles entourées de haies, de talus, où les animaux pouvaient vivre, trouver leur nourriture. Aujourd’hui, pour faciliter l’exploitation à grande échelle par les tracteurs, on a tout coupé. En 1960, il y avait 1 million de kms de haies, aujourd’hui seulement 500 000 kms. Seules certaines espèces peuvent survivre.

Depuis une dizaine d’années, des associations se battent et obtiennent des aides pour replanter des haies.

Autre exemple : pour rendre exploitables des terres, on a asséché des bocages (en bord de mer, dans les estuaires) aux dépens de la survie des espèces qui y vivaient, aux dépens aussi des oiseaux migrateurs qui font halte dans ces zones humides. En 40 ans, on a tout asséché, le ministère ayant aidé les agriculteurs à drainer l’eau (avec notamment la mise en place de tuyaux sous la terre) pour l’amener ailleurs.

En France, il y a une dizaine de parcs nationaux où la faune et la flore sont protégées (pas le droit de camper, de cueillir des champignons, des fleurs, de chasser…) mais, pour les terres voisines, tout est permis. Exemple : la Beauce où il y a un silence incroyable, très peu d’animaux pouvant y vivre.

Les insectes également ont quasiment disparu. Exemple de la voiture où désormais très peu d’entre eux viennent s’écraser sur le pare-brise ou la plaque d’immatriculation après un long voyage de nuit.

La nature qui disparaît, c’est plus dramatique encore que le réchauffement climatique.

 

2/ Comment en est-on arrivé∙e∙s là ? Les causes de l’apparition de cette agriculture intensive

 

Au sortir de la guerre, en 1950, il faut nourrir la population française, des accords sont passés entre le ministère de l’Agriculture et les paysans. À l’époque, ils sont 3 millions d’hommes et de femmes, chaque famille possède quelques vaches, 1 cochon, 1 potager, quelques céréales et quelques poules. À l’époque, alors qu’en ville la qualité de vie s’améliore, dans les campagnes il n’y a pas encore l’électricité, l’eau courante et pas les appareils ménagers désormais courants à la ville.

Le dealc’est : produisez plus, en contrepartie on vous donne de la modernité et on co-gère. Résultat, le niveau de vie des paysans et la production s’améliorent.

Exemple d’aides :

– prêts à taux zéro pour l’achat d’un tracteur ;

– l’État débarrasse les champs des haies pour faciliter l’exploitation ;

– l’État propose des formations et accompagne les agriculteurs.

En quelques années, le nombre de fermes (3 millions) chute de moitié, et grâce aux tracteurs, on a moins besoin de bras. Résultat : de la main d’œuvre est libérée pour travailler dans les entreprises et usines des villes, l’exode rural commence. Certains se battent pour préserver une agriculture paysanne mais beaucoup sont attirés par la modernité.

Ce dealentre l’État et une grande partie de la profession s’effectue avec le soutien de syndicats agricoles, notamment la JAC (jeunesse agricole chrétienne) qui incite les jeunes à aller vers cette modernité. Ce n’est donc pas sur les « vieux » agriculteurs que l’État s’appuie, mais bien sur les « jeunes ».

Pour avoir une idée de l’amélioration incroyable de la production, prenons l’exemple d’un producteur de blé.

En 1960, un producteur de blé est capable de cultiver 1 hectare, et il y produit 1 tonne de blé.

Aujourd’hui, un producteur de blé est 2000 fois plus productif : il est capable de cultiver 200 hectares et produit 10 tonnes de blé sur chaque hectare.

 

L’objectif visé à travers ce dealentre l’État et la profession est de nourrir la population, mais le prix payé par l’environnement et la santé est très fort.

La cogestion de cette politique s’effectue avec la FNSEA (qui promeut ce modèle de l’agriculture intensive). Jusqu’à présent le ministre de l’Agriculture est nommé avec l’accord du président de la FNSEA (ce dernier fait d’ailleurs partie des invités de la fameuse « Garden party » annuelle dans les jardins de l’Elysée). C’est le seul corps de métier qui officiellement participe au choix de son ministre.

Cette politique a aussi très bien fonctionné parce le ministère de l’Agriculture gère la sécurité sociale des agriculteurs, l’enseignement (lycées agricoles), les écoles supérieures et les labos de recherche. Les agriculteurs ont également leur banque, le Crédit Agricole.

À l’époque, cela pouvait se concevoir tant les agriculteurs étaient nombreux en France, mais il est étonnant et très significatif, vu leur nombre aujourd’hui, que toutes ces fonctions dépendent encore du même ministère.

 

Depuis 1962, les aides sont décidées par la PAC (Politique agricole commune). À l’époque, la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie décident de créer un marché commun pour l’acier, le charbon, puis pour l’agriculture. L’idée est de produire à eux six suffisamment pour nourrir leur population.

– Les aides sont données en fonction de la production (grosse production = plus d’aides).

– Les aides garantissent un prix d’achat du blé, du lait, etc. Ainsi, les agriculteurs, quelle que soit leur production, savent qu’elle va être achetée à tel prix.

– Les aides garantissent des droits de douane (taxes très élevées) pour les produits (blé, maïs, lait…) provenant d’ailleurs. Résultat : la production explose en Europe.

À partir de 1980, on commence à se rendre compte que cette politique coûte très cher et qu’elle entraîne des excédents (le lait est jeté, par exemple) car les paysans, sachant que leur production sera de toutes façons payée, surproduisent.

 

En 1992, on décide de calculer les aides, non plus en fonction de la production mais en fonction de la taille de la ferme. Aujourd’hui, les plus grandes exploitations ont donc les plus gros revenus.

Mais il y a débat : certains pensent que cette gestion des aides nous mène dans le mur, qu’il faudrait diviser à part égale entre tous les agriculteurs ; d’autres qu’il faut rester dans la continuité des aides d’avant (grosses productions).

On décide aussi de supprimer le prix garanti pour l’achat du blé, du lait, etc.

Aux dernières élections professionnelles (2019), la FNSEA arrive en tête dans 91 départements (sur 96) tandis que la Confédération paysanne n’est élue dans aucun département. Il faut dire que c’est la FNSEA qui gère les Chambres d’agriculture où les agriculteurs viennent demander des conseils pour les aides. Elle crée donc une relation de proximité, et les agriculteurs sont tentés de voter pour elle.

Les agriculteurs sont pieds et mains liés dès qu’ils s’engagent dans ce système d’investissement qui les enchaîne pour trente ans.

 

Aujourd’hui, l’Europe donne 10 milliards d’euros à la France, dont 9 vont aux plus gros et seulement 1 milliard vers ceux qui replantent des haies, se reconvertissent en bio ou gardent des prairies pour les papillons, oiseaux, etc.

La nouvelle Commission européenne a proposé une stratégie alimentaire (et agricole) pour l’Union européenne qui s’appelle « De la ferme à la fourchette ». Ce document (plan d’action) propose de mettre en œuvre une politique alimentaire qui favoriserait une alimentation de qualité pour l’ensemble des Européen∙ne∙s. Mais cette stratégie est très discutée, car elle nécessiterait de modifier la politique agricole pour la co-construire avec la santé et le social, et la FNSEA (notamment) n’est pas d’accord. La proposition est en cours, les choses avancent à petits pas.

 

3/ Comment on pourrait fonctionner autrement ?

 

Lors d’une visite au Parlement de Bruxelles avec les étudiants, comme chaque année, nous rencontrons des lobbyistes, notamment de la FNSEA. Dans des locaux modernes, elle emploie une soixantaine de personnes, des traducteurs, et on est reçus avec petits gâteaux.

Côté Confédération paysanne, n’ayant qu’un petit bureau, sa seule représentante (qui est agricultrice et fait les allers-retours entre sa ferme et Strasbourg) nous rencontre à l’extérieur.

On se rend compte que sa capacité à changer les choses est très réduite comparée à celle la FNSEA.

– À leur échelle, les mairies et les collectivités territoriales tentent de bouger le système : elles créent des projets alimentaires territoriaux (manger sainement), informent, créent des ateliers de transformation (faire du fromage avec le lait) et aident les producteurs. Les cantines scolaires bénéficient de cette production aidée et transformée.

– Les AMAP sont des associations qui rapprochent les consommateurs du producteur. Le consommateur paye d’avance mais ne sait pas toujours ce qu’il va avoir dans son panier. Ce principe aide les agriculteurs qui sont hors du modèle. Les AMAP ne sont peut-être pas LA solution, car il faut avoir les moyens, le temps et savoir cuisiner avec ce qui est proposé.

– De plus en plus d’agriculteurs se fédèrent et construisent leur magasin pour vendre leurs produits en circuit court. Ainsi, les gros intermédiaires ne s’engraissent pas à leurs dépens.

 

Quelques points mentionnés suite à des questions du public

 

– En France, 70 % de la surface cultivée en céréales est consacrée à de l’alimentation pour les cochons, les poulets et les vaches, un peu pour les biocarburants.

Alors qu’environ 1 milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde, des études montrent qu’on pourrait nourrir la planète avec une agriculture différente, mais pour cela il faudrait manger moins de viande et de meilleure qualité.

Pour 1 kg de viande, il faut 10 kgs de céréales. Si on mangeait  moins de viande, on cultiverait moins pour les animaux et, à la place, on planterait des légumes, des fèves, du pois-chiche qui nourriraient tout le monde.

 

– À une époque, on mangeait de la viande une fois par semaine. Depuis 60 ans, on en mange beaucoup plus. Mais élever 200 vaches ou 20, ce n’est pas le même métier. Il faut être accompagné… et vouloir changer. Et puis le poids des industries alimentaires (intermédiaires) et des lobbyistes est énorme. Par exemple, Lactalis peut estimer que votre ferme est trop loin pour passer récupérer le lait. C’est Lactalis qui dit à quel prix il achète votre lait. La solution (et le problème) est d’arriver à vendre en direct.

 

– Les traités Tafta/Ceta riment avec libéralisation du marché. Ils ont un impact dévastateur car ils favorisent les très grandes exploitations. De plus, les contraintes sont bien moins importantes dans certains pays (pas d’obligation de préserver les haies, par exemple) et désavantagent les pays qui essayent de préserver l’environnement. Attac milite pour refermer notre marché afin de ne pas importer des produits moins chers parce que de mauvaise qualité.

 

– L’Autriche et la Suisse sont de bons exemples pour la protection de l’environnement et pour le bio. En Autriche, 20 % des exploitations sont en bio (en France, 9 %).

 

– L’alimentation devrait être un droit, comme l’accès à l’eau. Les pouvoirs publics ont un levier : prôner la sécurité sociale de l’alimentation. Des associations y travaillent. Au Brésil, Lula a été dans ce sens avec des bons alimentairespour que les plus pauvres mangent des produits de qualité (programme « Fome Zéro », c’est-à-dire  « Faim Zéro »).

 

– L’agriculture pollue beaucoup les rivières et tue les poissons. Les fertilisants (azote) finissent dans les rivières et engraissent les algues vertes en aval, dans la mer.

 

– Au sud de la Loire, on est obligé maintenant d’arroser avec l’eau des rivières. On crée aussi des sortes de bassines, un joli mot pour ne pas dire « barrage », pour la stocker. Du coup la rivière n’a plus d’eau pour ses poissons et les autres organismes qui y vivent (plantes, petites bêtes, crustacés…). La manifestation à Sivens était pour empêcher la création d’un barrage, pour permettre aux agriculteurs d’arroser leur maïs qui est une plante qui a particulièrement besoin d’eau entre mai et août, exactement la période pendant laquelle il y a déjà le moins d’eau dans les rivières et le moins de pluie sur ce territoire.

 

– La PAC est revotée tous les six ans. Dernièrement un collectif qui s’appelle « Pour une autre PAC » a lancé une pétition pour proposer d’équilibrer la proportion 9/1 milliards, en 5/5 entre l’agriculture intensive et les autres formes d’agriculture (l’agriculture bio, par exemple) qui préservent l’environnement. Ce collectif n’a pas réussi à faire évoluer suffisamment la politique agricole, qui va continuer, au moins pour les six années à venir, à plus aider l’agriculture qui « va à l’envers » plutôt que celle qui va dans le bon sens !

 

[Monde à l’envers] Les trois premiers week-ends

Après de nombreux reports dus aux confinements successifs, le grand chantier national « Le monde à l’envers » a enfin pu démarrer. Trois week-ends ont déjà eu lieu, en juin, septembre et octobre à l’École des métiers de l’information (Paris 20e), qui met à disposition ses locaux.

En juin 2021 (vendredi 18 soir et samedi 19 toute la journée), nous avons fait connaissance (le groupe se compose d’une quarantaine de personnes, dont un tiers de nouvelles, plus les comédien.nes de la Cie) et nous nous sommes approprié le thème.

Les 25 et 26 septembre, nous avons approfondi la thématique générale (le samedi), puis creusé plus spécifiquement la question du travail (le dimanche). De nombreuses improvisations ont ponctué ces deux jours, pendant lesquels nous nous sommes initié.es à un travail musical à base de percussions corporelles.

Le week-end des 16 et 17 octobre a permis d’accueillir nos premier.es intervenant.es. Le samedi, Brigitte Gothière, co-fondatrice de l’association L214, est venue nous parler de la souffrance animale. Le dimanche, Benoît Labbouz, enseignant-chercheur, est intervenu sur l’agriculture et les systèmes alimentaires. Après chaque intervention, cinq sous-groupes d’improvisations ont été mis en place.

Les trois prochains week-ends (6-7 novembre, 27-28 novembre et 11-12 décembre), nous accueillerons d’autres intervenant.es sur de nouvelles thématiques (les migrants et les frontières, les gilets jaunes et les violences policières, l’économie symbiotique, les modes de production agricoles et la sécurité sociale de l’alimentation, la psychiatrie…). Et nous pourrons ainsi finaliser l’écriture du spectacle.

 

NAJE en octobre 2021

Les spectacles de la Cie en octobre 2021

Sur la participation
Le 6 octobre, à Saint-Ouen (93), à la demande de l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires).
Sur le vieillissement
Plusieurs représentations du spectacle « Puisqu’il faut bien vieillir » sont prévues en octobre. Il s’adresse aux personnes âgées et parle du vieillissement dans différentes dimensions, mais il est ouvert à tou.te.s.
Issu d’un partenariat avec le Comité régional de coordination de l’action sociale (CRCAS) et les Espaces autonomie du 94, il a été créé grâce au financement de la Conférence des financeurs du 94.
Le 7 octobre à Bonneuil-sur-Marne (94)
Le 11 octobre à Charenton-le-Pont (94)
Le 12 octobre à Joinville (94)
Sur la citoyenneté
• Le 23 octobre, à Noisy-le-Grand (93), à la demande de la Ville, pour un public composé d’adultes et d’adolescent.e.s.
Sur l’addiction
• Le 30 octobre, à Joué-les-Tours (37), à la demande du Centre social de la Rabière.

Les chantiers de la Cie en octobre 2021

Notre atelier sur le racisme structurel et le privilège blanc

Nous avons commencé les répétitions du spectacle en septembre. Nous continuons deux dimanches d’octobre. Nous jouerons le spectacle pour la Ligue des droits de l’Homme en mars 2022.

Le chantier national « Le Monde à l’envers »
Après le week-end de septembre, un week-end est prévu les 16 et 17 octobre. Nous parlerons de l’élevage intensif et de la souffrance animale avec Brigitte Gothière, co-fondatrice de l’association L214, et de l’agriculture et des systèmes alimentaires avec Benoît Labbouz, chercheur sur ces questions.

Les formations de la Cie en octobre 2021

Formations diverses
Missions locales du 91 (programmes « Jeunes et femmes » pour des jeunes filles concernées par les violences et « Égaux » pour les jeunes hommes).
• Troisième jour d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale d’Evry (les deux premiers ont eu lieu en septembre).
• Troisième jour d’atelier « Jeunes et femmes » à la Mission locale de Melun (les deux premiers ont eu lieu en septembre).
• Trois jours d’atelier « Égaux » à la Mission locale de Massy.
Dans le cadre du programme « jeunes actifs » :
Trois journées à la Mission locale d’Evry (91).
Formation à la prise de parole en public : trois journées pour des syndicalistes du SNAP à la demande de Culture et Liberté.

 

SRFD/DRIAAF Île-de-France : une journée d’atelier pour des classes de lycée agricole à Rambouillet (78).

Formation Professionnelle

Formation pour des professionnel.le.s des Maisons familiales rurales : Quatrième et dernière journée en octobre (les trois premières ont eu lieu en septembre), à Chaingy (45).