Comptes-rendus et bilans d’actions

Un travail sur les failles de la protection de l’enfance avec les premier.es concerné.es

 

 

En avril 2024 nous avons mené un travail de recherche avec les premier.e.s concerné.e. s sur les failles de la protection de l’enfance pour arriver à des préconisations qui s’associeront à celles d’autres groupes dans d’autres pays d’Europe puis seront faites au défenseur des droits de l’enfant europe

Jérome Rivier de Méta-morphose  à invité Fabienne de NAJE à mener avec lui cet atelier avec des enfants placés.

Ce sont les Apprentis d’Auteuil qui ont constitué le groupe d’enfants et nous accueillent dans leurs locaux.

Nous avons travaillé à partir des situations dans lesquelles les enfants se sont sentis en insécurité et non protégés par nos institutions. Nous avons beaucoup beaucoup sur ce qu’est parfois et devrait être notre protection de l’enfance.

Fabienne Brugel

Ci dessous la facilitation graphique faite par Christophe Beau qui a accompagné notre travail

Bilan par notre partenaire, le Secours catholique, de l’atelier de création « On peut être écolo si on mange pas bio ? »

En 2021, nous avons créé un spectacle de théâtre-forum avec un groupe de personnes issues du monde populaire à Versailles. Cette action a été initiée et portée par le Secours Catholique de Versailles, et plus particulièrement par Agnès de Longueau. Nous avons abouti à deux représentations de  » On peut être écolo si on mange pas bio ? », en juin 2021 à Versailles.

Bilan théâtre-forum Versailles Secours Catholique 8 juillet 2021

 

 

 

NAJE et les Missions locales du 91

Depuis  l’année 2010, NAJE participe à un programme mis en place dans les dix Missions locales de l’Essonne (91) et qui s’appelle « Jeunes et femmes ».

Il s’agit de remobiliser les jeunes femmes en manque de repères sur leur parcours de vie et par la suite leur parcours professionnel, de prendre conscience des représentations de genre…

Chaque programme se déroule sur trois semaines avec nombre d’intervenant.es partenaires : Sonia Lebreuilly qui est sexologue et qui est l’initiatrice du programme, le CIDFF Essonne, Paroles de Femmes, CPEF/PMI, Mouvement du Nid, Association Charonne, Croix blanche de l’Essonne, CDPS, la CAF, et NAJE qui constitue le « fil rouge » du programme.

NAJE permet aux jeunes femmes de travailler sur les freins qui, disent-elles, les bloquent dans des situations qu’elles voudraient transformer.

Depuis 2018, une action intitulée « Égaux » s’est mise en place pour les jeunes hommes usagers des Missions locales de l’Essonne.

Voici le bilan de l’opération fait par les Missions locales :

 

 

Le bilan de deux jours avec les Porte-Voix à Perpignan

Les 15 et 16 février 2018, Suzanne et Farida ont travaillé à Perpignan avec un groupe d’une dizaine de personnes en situation de pauvreté, réunies par le PRDS (Pôle Ressources de développement social). Ils s’appellent « Les Porte-Voix ». Voici ce qu’ils disent en bilan sur l’utilité d’utiliser le théâtre-forum. 

A quoi le TF peut vous servir ?

Individuellement

  • Cela apporte différentes hypothèses.
  • Des petites idées pour résoudre quelques problèmes.
  • La possibilité de tester plusieurs manières de faire.
  • L’implication de tout un groupe sur une situation individuelle, ce qui permet d’adopter un regard extérieur sur sa propre situation.
  • Continuer les exercices aide à une compréhension plus ouverte de ma situation et de partager avec les autres situations.
  • Le recul des autres par rapport à mon problème peut me donner des solutions auxquelles je n’ai pas pensé.
  • Ça rend presque la chose [le problème apporté] à reconsidérer depuis le début.
  • Découvrir l’outil théâtre-forum permet de réfléchir à certaines stratégies… et trouver

Collectivement 

  • Dans le cadre du collectif Porte Voix, l’outil « théâtre des opprimés » rejoint le travail qui est fait avec Katleen (PRDS) sans l’aspect « discussion et concentration autour des problèmes personnels, intimes, ou de vie quotidienne ».
  • On a tous passé un bon moment avec de nouvelles personnes : cela peut servir à créer de nouveaux liens, agrandir le cercle relationnel.
  • Réfléchir en groupe.
  • Aider tout un groupe à mieux lutter.
  • Apprendre à se mettre à la place de l’autre : opprimé/oppresseur.
  • Cet outil est basé sur une réalité vécue et apporte des solutions concrètes.
  • C’est un outil permettant d’obtenir des informations supplémentaires, des idées nouvelles.
  • Permet de dédramatiser et d’alléger par l’humour et l’excessif [exagération].
  • À exprimer un mécontentement sur un sujet social précis qui nous concerne tous

Avec qui : ce groupe, un groupe plus grand, un autre groupe déjà connu ?

  • Un petit groupe.
  • Très bien avec ce groupe.
  • Ce groupe + des militants ATD, des porte-voix et des personnes engagées et en galère (20 à 25 personnes).
  • À envisager avec les opprimés adultes étrangers qui seraient accompagnés.
  • Sûrement plus intéressant avec un groupe plus grand, envie d’essayer.
  • Avec un groupe plus grand qui garde les mêmes individus : ceci permettrait d’avoir plus d’hypothèses, et donc une analyse plus poussée.
  • Nous connaissons des groupes avec qui le théâtre-forum serait au moins aussi intéressant, voire plus : par exemple, le groupe d’étudiants Alpha.

Pour faire bouger quoi ?

  • Pour changer les sentiments de ceux qui ne se sentent pas concernés, grâce aux exercices.
  • Pour lutter contre l’isolement, pour plus de solidarité.
  • Pour passer de situations individuelles à une prise de conscience collective pouvant entraîner des démarches et actions.
  • Pour rencontrer des gens avec qui on peut parler des sujets sociaux.
  • Pour s’entraîner à se défendre face à des situations injustes, nommer ces injustices.
  • Ça peut armer certains opprimés pour se défendre dans certaines situations propres.
  • Pour valoriser le savoir et la capacité d’analyse des intervenants.
  • Ça fait bouger notre réflexion et notre façon de réfléchir.
  • Pour faire bouger les administrations.
  • Pour aborder les sujets sociaux (logement difficile, se loger, payer les dettes).
  • Pour aborder des thèmes liés aux difficultés sociétales.
  • Pour sortir de la routine.
  • Pour passer un moment agréable.
  • En espérant que cette expérience se renouvelle.
  • Pour monter une scène à présenter dans un endroit pertinent permettant d’avoir un regard sur un travail collectif.

Les « plus »

  • J’ai passé un très bon moment (2 fois).
  • Activités et jeux.
  • Jouer le recruteur.
  • Rencontrer de nouvelles personnes à qui l’on peut se confier.
  • J’ai beaucoup appris.
  • Ça m’a donné beaucoup d’idées.
  • Ça m’a donné des petites idées.
  • Ça m’a donné plein d’idées.
  • JE suis à ma place, les gens m’ont parlé normalement.
  • Cela permet d’avoir plein de regards différents sur une même situation.

Les « moins »

  • Avoir parlé de ma vie privée.
  • Voir une participante pleurer.
  • Difficulté à dire tout ce que je voulais à cause de la barrière de la langue.
  • Difficulté à se concentrer sur l’exercice pour trouver des solutions à cause des difficultés à comprendre (langue).
  • Délai de discussion trop court pour des sujets importants et auxquels on peut apporter plus.
  • Pas assez de temps pour parler.
  • Je n’ai pas pris assez de gants avec la copine que j’ai fait venir.
  • L’affect des personnes par rapport à certaines situations, comme les filles qui ont craqué.
  • Les pizzas froides.

 

 

Bilan de l’opération sur les copropriétés en difficulté menée avec l’ARC

Association des Responsable de Copropriété (ARC), Compagnie NAJE, Sylvaine Le Garrec – sociologue

Le Théâtre-forum : un outil pour la mobilisation collective et le pouvoir d’agir des habitants des copropriétés en difficulté

Bilan des premières actions réalisées concernant les copropriétés en difficulté

établi par l’ARC et Sylvaine Le Garrec

 

Le contexte et les enjeux :

un besoin d’outils de mobilisation collective des copropriétaires et des locataires dans les copropriétés en difficulté

Dans les copropriétés en difficulté, l’implication des copropriétaires et des locataires est indispensable pour parvenir à surmonter de manière pérenne les problèmes rencontrés.

Une copropriété en difficulté, en effet, ce n’est pas seulement un immeuble dégradé, c’est aussi une organisation sociale déstabilisée et un système de gouvernance et de gestion mis en péril par des déséquilibres financiers. Dans cette perspective, au-delà des travaux de requalification, de la maîtrise des charges et du recouvrement des impayés, la création d’une dynamique sociale collective au sein de la copropriété et le renforcement des capacités d’action des copropriétaires et des locataires sont nécessaires pour s’assurer d’un fonctionnement autonome de la copropriété et de ses instances de gestion (conseil syndical, assemblée générale) une fois l’action publique arrivée à son terme.

Recréer du pouvoir d’agir, de l’attention à l’autre et de la cohésion sociale – et ce autour d’un projet commun – est le point de départ pour que les copropriétaires et les locataires se réapproprient les parties communes et le devenir de leur copropriété. La qualité des relations sociales permet l’émergence d’une « intelligence collective » et constitue un moteur de l’engagement des copropriétaires au sein des instances de gestion. La mobilisation collective des copropriétaires et des locataires constitue ainsi le socle sur lequel peuvent reposer les différents piliers du redressement durable de la copropriété.

Et pourtant, au sein des interventions publiques sur les copropriétés en difficulté, les savoir-faire visant à développer les relations sociales, à créer une dynamique d’action collective et à renforcer les capacités d’action des copropriétaires et des locataires sont encore peu répandus. Pour développer ces pratiques et répondre à ce besoin, il apparait nécessaire de concevoir, expérimenter et diffuser des moyens d’action concrets et des méthodes éprouvées que les acteurs de l’intervention publique pourront aisément s’approprier.

Une première expérimentation de « théâtre forum » dans les copropriétés en difficulté

Dans ce but, la Fondation Abbé Pierre a soutenu en 2016-2017 un premier projet porté par l’Association des Responsables de Copropriété (ARC), la Compagnie NAJE et la sociologue Sylvaine Le Garrec visant à expérimenter et à valoriser le « théâtre forum » comme outil pour la mobilisation collective et le pouvoir d’agir des habitants des copropriétés en difficulté.

Le théâtre-forum – ou théâtre de l’opprimé – a été introduit en 1960 au Brésil par Augusto Boal, dans un contexte de dictature militaire et de résistance. Il s’agit d’une technique de théâtre qui vise à favoriser la participation du public en vue de soulever et de mettre des mots sur les problèmes que les spectateurs/acteurs repèrent comme les leurs, de décoder les enjeux de ses situations, de trouver ensemble des pistes de solution et de venir les tester sur scène. Le déroulement du « théâtre forum » est centré sur la représentation d’une ou plusieurs scénettes (de 3 à 5 minutes chacune) qui mettent en scène une situation qui ne convient pas : un des protagonistes est en conflit avec les autres personnages puisqu’il revendique un droit légitime. La conclusion est en général catastrophique, et soulève une question centrale : comment faire pour changer cela ? Dans la salle, pas des spectateurs passifs mais des acteurs du débat, le metteur en scène convie le public à intervenir à des moments clés pour dire ou faire quelque chose qui pourrait améliorer la situation finale de la scénette. De sorte que « faire forum », c’est s’essayer ensemble à l’action transformatrice et peser ses conséquences, pour que demain, les choses ne soient plus tout à fait comme avant.

L’ARC, la Compagnie Naje et la Communauté d’Agglomération Creil Sud Oise ont lancé une première expérience de théâtre forum sur les problèmes généraux de fonctionnement collectif des copropriétés en mars 2016. Pour un « forum de la copropriété » auquel étaient invités tous les copropriétaires de la communauté d’agglomération Creilloise, la compagnie Naje a conçu et joué plusieurs scénettes de théâtre forum mettant en scène les difficultés et les enjeux du « vivre ensemble » en copropriété : usage et appropriation des parties communes, tensions entre les intérêts individuels et les intérêts collectifs, difficulté des prises de décisions communes et de l’engagement au sein du conseil syndical. Cette première expérience a rencontré un vif succès auprès des copropriétaires, des professionnels du territoire et des organisateurs : rires, nombreuses prises de parole, témoignage, participation très active aux débats et aux scénettes, création de lien entre les participants…

Suite au bilan très prometteur de cette première expérience, l’ARC, la Compagnie Naje ainsi que la Sylvaine Le Garrec, sociologue spécialiste des copropriétés et la Fondation Abbé Pierre ont souhaité poursuivre l’exploration de cet outil et l’adapter aux habitants et aux situations particulières des copropriétés en difficulté.

Cette expérimentation a été menée en partenariat avec deux collectivités locales – la communauté d’agglomération Creil Sud Oise et la Ville d’Epinay-sur-Seine (93) – sur deux terrains significatifs des deux grandes catégories de copropriétés en difficulté habituellement rencontrées :

  • Un îlot de toutes petites copropriétés anciennes dégradées dans le centre ancien de Montataire dans l’agglomération Creil Sud Oise. Comptant moins de 10 logements, ces copropriétés sont souvent désorganisées (absence de syndic, de conseil syndical et d’assemblée générale) et il est difficile pour l’intervention publique d’identifier un interlocuteur et de susciter des projets collectifs. La représentation de théâtre-forum a eu lieu le 4 février 2017.
  • Les trois copropriétés Quétigny à Epinay-sur-Seine. Construites en 1972 dans le centre-ville d’Epinay, ces trois copropriétés composées chacune de 2 tours jumelles de 17 étages font l’objet depuis 2015 d’un deuxième Plan de Sauvegarde. Celui-ci comporte un « volet développement social » visant à améliorer le lien social et la participation des habitants dans les instances et la vie de la copropriété. Le projet de théâtre forum s’est inscrit dans cette démarche. La représentation de théâtre-forum a eu lieu le 11 février 2017.

Avec le soutien financier de la Fondation Abbé Pierre, des deux collectivités locales et du Commissariat Général à l’Egalité des Territoires (CGET), l’expérimentation a consisté à créer des scénettes sur les situations concrètes vécues sur chacun des sites à partir des récits recueillis auprès des habitants. Pour aller à la rencontre d’un large panel d’habitants, différents canaux de mobilisation ont été utilisés. Sur chaque site, une représentation de théâtre forum mettant en scène les problèmes soulevés par les habitants a été organisée à proximité des copropriétés concernées.

Au cours des représentations, deux innovations ont également été proposées :

  • Un temps de « regard d’expert » : après les scénettes et le « forum » pendant lequel les spectateurs étaient invités à proposer et à jouer leurs solutions, nous avons invité le public à constituer deux groupes pour travailler collectivement sur les solutions échangées et les moyens de les mettre en œuvre concrètement. Un groupe était animé par l’ARC et l’autre par la sociologue Sylvaine Le Garrec. Ce temps de travail collectif a été l’occasion de communiquer des ressources utiles aux participants à travers la diffusion d’informations « expertes » en réponse aux questions posées pendant le forum (ex : comment convoquer une assemblée générale en urgence dans les règles, comment un dégât des eaux est-il remboursé par les assurances, etc…), des échanges d’expérience entre participants, l’identification des contacts à mobiliser (ex : quel service de la Ville contacter pour être accompagné quand on est une copropriété désorganisée ?)… Dans les copropriétés Quétigny, l’animation de ces groupes a permis aux copropriétaires de formuler et sélectionner les actions communes qu’ils souhaiteraient mener et de fixer une prochaine réunion pour qu’ils commencent à les mettre en place de façon autonome…
  • L’intervention d’une facilitatrice graphique : lors de la représentation sur les trois grandes copropriétés d’Epinay (Quétigny), une illustratrice s’est chargée de traduire en dessins le contenu de la session de théâtre-forum, accompagnés de quelques phrases et mots-clefs qui synthétisaient les enjeux, les blocages, les leviers exprimés durant cette demi-journée. Les dessins ont été réalisés par l’illustratrice en temps réel. Ils ont été exposés sur place à l’issue de la représentation. Les habitants ont ainsi pu se réunir autour des dessins à la fin de la représentation, les commenter librement, faire leur propre bilan et mesurer le chemin parcouru. Ces illustrations ont aussi permis de garder une trace de cette aventure : la fresque a été exposée dans les halls des copropriétés et les images numérisées ont été transmises à l’opérateur du Plan de Sauvegarde et aux trois conseils syndicaux qui peuvent les réutiliser pour leurs supports de communication.

Un bilan très positif de cette première expérimentation

Le bilan de cette expérimentation a été très positif. Ces actions ont en effet montré que le théâtre forum avait tout son sens au sein d’un dispositif d’intervention publique visant à la requalification de copropriétés en difficultés et qu’il constituait un outil puissant de mobilisation et de « mise en action » des copropriétaires :

  • L’écriture de scénettes à partir des récits des copropriétaires et des habitants permet de renverser les perspectives habituelles : la parole des habitants est mise sur le devant de la scène. Les problèmes que les habitants vivent au quotidien et qu’ils ont racontés sont joués devant eux par des comédiens professionnels. C’est déjà pour eux le signe qu’ils ont été écoutés, que leur témoignage a de la valeur et que l’on reconnait les difficultés auxquelles ils sont confrontés ainsi que les ressources qu’ils déploient.
  • Le théâtre-forum permet de libérer l’expression et de favoriser la prise de parole, dans un climat collectif convivial où le rire et le jeu théâtral contribuent à créer de la confiance et de l’émulation.
  • Le théâtre-forum n’est pas seulement un outil d’échange d’idées et de point de vue, c’est aussi un outil de mise en action. Sous l’action de la metteuse en scène qui joue le rôle de « Joker » à la suite des scénettes, le public est amené à dépasser le constat des problèmes et le registre de la plainte pour imaginer et proposer des solutions concrètes. On va ainsi au-delà du « c’était mieux avant » et du « il faudrait que » pour parvenir au « nous pourrions… ».
  • Le travail en groupe lors du temps de « regard d’expert » permet d’amplifier et de structurer cette mise en action. La transmission d’information et d’expertise est alors d’autant plus efficace que les participants sont en questionnement et sont mis dans une dynamique individuelle et collective de recherche de solutions. Ce mouvement favorise aussi le partage d’expériences entre participants.
  • Cette expérience d’écoute des copropriétaires permise par le théâtre-forum a bien montré que ces derniers manquaient surtout d’outils pour agir collectivement mais pas de volonté.

Sur les deux terrains d’expérimentation, le théâtre forum a eu des effets concrets sur la redynamisation des copropriétés visées :

  • A Montataire, le théâtre-forum a permis de mobiliser des copropriétaires dans les petites copropriétés identifiées dans l’îlot du centre-ville visée par l’expérimentation (un tronçon de la rue principale). Mobilisés grâce à du porte à porte, du boitage et l’organisation d’une journée d’appel à témoignages, ces copropriétaires ont contribué à la création de scénettes en livrant leurs récits personnels et ils ont ensuite participé très activement à la représentation de théâtre-forum. Certains n’avaient pas conscience de vivre en copropriété, ils ont pu ensuite être accompagnés dans la résolution des problèmes rencontrés. Cette expérience a en outre permis de les fidéliser et d’instaurer une relation de confiance avec les services de la ville.
  • A Epinay, sur la copropriété Quétigny 2, le conseil syndical et les copropriétaires présents ont choisi de travailler lors du temps de « regard d’expert » sur les solutions concrètes qu’ils pourraient mettre en place pour faciliter la compréhension des charges par les copropriétaires et favoriser la bonne information de tous : créer une note explicative illustrée par graphique à joindre à l’envoi des appels de fonds, créer une adresse mail du conseil syndical afin de répondre aux questions des copropriétaires, créer un carnet de contacts (adresse mail et numéros de téléphone) des copropriétaires, créer une « newsletter » de la copropriété, améliorer le « cahier de doléance » déjà mis en place par le conseil syndical en le renommant «  boite à idée pour le conseil syndical », faire en sorte que les formations proposées dans le cadre du Plan de Sauvegarde attirent davantage de monde…
  • Le théâtre-forum a aussi permis de créer une dynamique nouvelle au sein de la copropriété Quétigny 1 qui fait l’objet d’une administration provisoire depuis une dizaine d’années. Il existe dans cette copropriété un « conseil syndical consultatif » mais il n’est composé que de deux membres actives qui se sentent isolées dans leur rôle. Le temps de « regard d’expert » a permis de travailler avec l’ensemble des copropriétaires de Quétigny 1 présents à la représentation pour réfléchir à la façon dont ils pouvaient soutenir les deux membres du conseil syndical, soit en participant directement à leurs réunions, soit en les aidant plus globalement à améliorer la participation des habitants à la vie de l’immeuble. Le groupe a décidé de se réunir à nouveau le dimanche suivant de manière autonome pour organiser des actions concrètes et chaque personne a laissé son numéro de téléphone portable aux deux conseillères pour pouvoir être contactée et informée des évènements à venir. Le dimanche suivant, une vingtaine de personnes se sont rassemblées et ont programmé une journée de porte à porte pour aller à la rencontre de tous les résidents. Certaines personnes se sont portées volontaires pour jouer le rôle de traducteurs pour ceux qui ne maîtrisaient pas le français. Les personnes présentes ont aussi émis le souhait de poursuivre ces réunions élargies avec les deux membres actives du conseil syndical pour que ces dernières puissent diffuser des informations et expliquer leur travail au sein des différents groupes de travail thématiques du Plan de Sauvegarde.

Les effets du théâtre-forum ont pu être observés grâce à un retour sur le terrain par la sociologue un mois après les représentations. Ils seront décrits dans un récit d’expérience en cours de réalisation.

Cette expérimentation de « théâtre forum » adaptée aux copropriétés en difficulté a suscité l’intérêt des organisateurs du forum des politiques de l’habitat privé qui ont invité l’équipe du projet à valoriser cette expérience lors de leur Ve rencontre « Innover dans l’habitat » du 22 mars 2017. Ce retour d’expérience et les deux scénettes jouées par la Compagnie Naje ont fortement intéressé les participants de ces rencontres comme en témoigne le site Internet du forum des politique de l’habitat privé : « Cet outil de théâtre-forum leur ouvre en effet des perspectives pour dialoguer autrement avec les habitants dans le cadre de dispositifs d’amélioration de l’habitat et ainsi construire une dynamique de confiance, du «nous» pour faire émerger collectivement des solutions aux problèmes identifiés ».

Perspectives pour 2017-2018 :

C’est à la suite de cette conférence que les services de l’Etablissement Public Territorial Est Ensemble ont contacté l’équipe du projet pour réfléchir à la possibilité de poursuivre cette expérimentation sur leur territoire. La Direction de l’Habitat et du Renouvellement Urbain d’Est Ensemble est en effet à la recherche de nouveaux outils susceptibles de compléter les actions traditionnelles sur les copropriétés en difficultés pour favoriser la mobilisation collective des copropriétaires et s’assurer ainsi de la pérennité du redressement des copropriétés faisant l’objet d’une intervention publique.

Bilan de l’atelier « Le Grand Paris et moi »

Le groupe, réuni par « Le Grand Paris et moi » à Malakoff, les 9, 10 et 11 juin 2016, a été divers et chaleureux.

Nous avons fait des jeux pour nous rencontrer, pour aborder nos rapports à l’espace de manière sensible, puis nous avons abordé la question de l’espace public sous plusieurs angles.

D’abord nous avons mis en scène des récits de conflits d’usage de l’espace public :

– Quand espace privé et espace public interagissent : une rue, des courettes privatives fermées par des murs. L’été, quand les fenêtres sont ouvertes, certains ont tendance à vivre dans leur courette, donc à faire du bruit, ce qui gène les autres habitants.

– Groupe minoritaire, groupe majoritaire : elle rentre le soir chez elle dans une ville de banlieue et pour cela passe par une rue dans laquelle il y a une épicerie qui réunit des hommes issus des Dom-Tom. Ils occupent la rue entière et elle a du mal à passer. Ils disent que là, ils sont chez eux et qu’elle n’a qu’à aller habiter à Paris si cela ne lui convient pas.

Nous avons fait forum sur ces deux situations et les participants du groupe ont fourni des regards, des analyses et des stratégies différentes, qui ont permis de reformuler les problématiques de plusieurs manières.

Puis nous avons relaté des situations ayant à voir avec la privatisation de l’espace public. Nous avons réuni ces récits en trois thématiques et les avons mis en scène :

– les femmes dans l’espace public;

– quand  l’espace public est cédé à des entreprises commerciales par les collectivités territoriales;

– quand les demandes par les citoyens de sécurité, de propreté et de silence amènent les institutions à interdire l’usage d’espaces publics ou communs.

Nous avions tous plein de situations concrètes à apporter sur le sujet, et d’une grande diversité. C’est ce qui a fait la grande richesse de nos échanges et de nos improvisations théâtrales.