Retours de participants

Les retours des participants du chantier ayant abouti à « les bâtisseurs »

Bilan collectif  des participants fait le 2 juin 2013

Nota : 3 participantes n’ont pu y participer

 Octobre 2012 à Juin 2013

Edwige :

Je suis arrivée en cours d’année. C’ést normalement pas mon truc de discuter en forum après spectacle mais j’ai trouvé très interessant, je me suis engagée dans des actions et j’ai trouvé ce mode extraordinaire ;  en tant que militante, je trouve que c’est un bon outil.

J’ai adoré voir ce spectacle se créer, c’est bluffant. Aux premières improvisations je me demandais pourquoi on nous gueulait dessus. C’est directif mais ça vaut le coup. Je n’imaginais pas que cela donnerait ça. On nous a pas fait chier pour articuler, c’est pas du shakespeare, les gens jouent avec leur cœur.

 

Oré :

Hier j’ai compris un truc. Les fens me disaient que ce devait être frustrant de faire tout ce travail pour seulement deux représentations et non, je n’étais pas frustrée : le spectacle est un cadeau, une récompense mais il est juste un moment. Tout le long a été important, le travail on l’a fait toute l’année en débattant, en étant ensemble, en s’expliquant les choses les uns les autres, en se soignant. Il y a eu quelques moments problématiques et quelques conflits mais la manière que nous avons eu de les gérer m’a donné  grande confiance. Ici on a fait la révolution tous les jours, on transforme la merde en or, on est hyper puissants ensemble.

 

Aude :

J’apprécie énormément qu’on improvise les premiers wends, de changer de comédien qui dirige à chaque fois , c’est difficile mais c’est très enrichissant. Je voudrais que l’an prochain on chante chaque fois sans attendre les retardataires. Le spectacle n’aurait pas été celui là sans la musique. Je suis les chantiers depuis 10 ans et je suis encore époustouflée : le projet de cette année a été magnifique. Cette année, il y a eu des jeunes et le contact avec eux me ramène à mes engagements de jeunesse. Je les trouve beaux. Cette année, je suis fière d’avoir aprticipé avec vous tous.

 

Philou :

Il y avait plein de risques cette année : la mise en scène, le bifrontal, un spectacle compliqué. Il y a 15 jours, j’avais peur, mais les deux spectalces, il y avait un groupe qui portait collectivement tout ça. Ca a été un travail incooyable de JP F et C pour restituer les histoires. Je suis très fier et très content. Les ateliers de samedi étaient très forts. On s’est fait confiance entre nous et on a fait confiance aux spectateurs.

 

Christine :

Les intervenants de la première partie m’ont appris des choses que je n’entends nulle part ailleurs.. Le sol violette m’a fait pleurer. Patrick Viveret avec « faire de sa vie une œuvre d’art ». J’ai aimé la créativité des impros où j’étais détendue. En deuxième partie je commence quand je reçois le texte à chercher où je suis car j’ai peur d’avoir trop de texte. Je pensais qu’on n’y arriverait pas. Le spectacle le plus dur pour moi du coté psychologique, c’était le force des gueux. Les batisseurs, c’est au niveau technique qu’il étit le plus dur mais depuis que Jérome a habillé la tour, c’était gagné.

Le moment le plus chouette pour moi c’est quand le fils de Siraba est enu nous voir pour nous dire que sa maman avait changé depuis qu’elle était avec nous.

Le moment le plus dur c’est quand Delphine s’est rompu le tendon d’Achille. Mais ça a soudé encore plus le groupe.

Je veux enfin m’excuser vis à vis de certains car j’ai été stressante sur le pliage des banderolles.

 

Hanna :

J’ai beaucoup appris à beaucoup de niveaux. Sur moi, sur la vie. Je connaissais l’existence de NAJE mais je n’étais pas connectée. Un jour à une réunion sur autre chose où Fabienne et moi nous sommes retrouvées dans le tour de table, Fabienne a dit trois mots sur NAJE et ce chantier en cours et je lui ai demandé si je pouvais venir. Le premier jour, je viens épuisée, me demandant si je vais pousser la porte. J’arrive le jour où Sylvie parle de Notre Dame des Landes et ensuite on nous dit qu’il faut partir en improvisations et que les gens qui font les impros doivent être là le lendemain pour les montrer. J’avais pas du tout prévu ça ! Je demande à Fabienne si je peux participer puisque ma place prévue était celle d’une observatrice discrète. Elle me dit « comme tu veux !». Je me dis : « bon je reste alors ». Puis je me suis engagée dès le lendemain, jour prévu pour faire part de son engagement pour les prochains mois…jusqu’au spectacle.

 

J’ai passé de nombreuses années à œuvrer pour la solidarité ici et là-bas, à écrire, à en parler, à essayer… et là, c’est la première fois que je la vis comme ça, concrètement, sans même qu’on en parle. Je suis aussi une convaincue de la mixité des publics mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Ça fait 25 ans que j’ai cette volonté et là, c’est hyper fort. Je fais le constat que c’est possible ! Dans le groupe, on a de grosses différences d’âge, de culture…C’est la première fois que je vois tout le monde traité avec égalité. Chapeau à NAJE, composée de la diversité des sensibilités chez les comédiens qui nous font bosser, avec des orientations différentes, tant qu’on peut se sentir perdu par moments mais c’est que du plus à l’arrivée.

 

Ce chantier avec vous, m’a permis de faire la transition entre mon travail que j’ai quitté et ce que je vais devenir. C’est chouette la vie des fois. J’ai traversé des peurs, des angoisses, des inquiétudes quant au fait de jouer, mais le travail avec vous ça m’a permis de transformer toutes ces émotions en énergie, en désir et plaisir.

Pour les répétitions, les comédiens sont allés nous chercher là où on est, chacun, au mieux de ce que l’on peut donner sans dépasser nos limites, avec respect et bienveillance, avec professionnalisme et humanité, si j’osais je dirai avec Amour. Au début je me disais que je ne pourrai pas me faire secouer comme ça par Fabienne. Au final, je me suis sentie vachement accompagnée. Et j’ai rencontré la magie de trouver finalement ce que c’est que de jouer sans faire semblant. Merci pour cette découverte !

Ce projet est « un projet beau et nécessaire, beau et nécessaire ».

 

Driss :

Voir de nouvelles personnes, ça fait peur. Dans les premiers wends, j’étais pas bien, je faisais style que j’étais bien mais j’étais pas bien. Je ne comprenais pas, c’était trop compliqué, les intervenants des fralibs, je ne comprenais pas. J’ai eu beaucoup de mal à commencer dans les impros mais après on m’a expliqué et j’ai commencé à comprendre et au final ce projet m’a nourri. J’ai regardé chaque regard des spectateurs ; entendre qu’ils sont avec nous, ça fait du bien. Il y a une très forte amitié avec le groupe ême si des fois il y a des petits conflits que je ne comprends pas, il y a la confiance qu’on a chacun en nous.

 

Odile :

Moi j’ai demandé timidement à faire ce projet et je suis tupéfiée par l’accueil et la confiance que nous fait le groupe NAJE d’entrée de jeu… et par la confiance que le groupe leur fait.

Heureusement qu’il y a des conflits sinon ce serait le monde de bisounours. Les gérer nous fait aussi avancer.

Petite critique pour avancer : les consignes ne sont jamais claires et ça amène du flottement.

En fait, j’ai réalisé une utopie.

 

Benoit :

J’ai connu NAJE grâce à mon amoureuse et j’ai compris pourquoi il fallait se lever le wend. J’ai pris une grande claque et je serais là l’an prochain pour en reprendre une autre.

 

Andrée :

Je suis là depuis longtemps. C’est le seul endroit où je vois des publics différents mélangés. Naje garde son identité et évolue avec les uns et les autres, bouge, change masi garde sonnidentité de fond. Ces deux dernières années on est au stade du théâtre et on s’éloigne du forum. Je suis revenue au théâtre antique. Attention à rester proche du terrain. Le groupe a été trè fort au niveau des apports. Naje c’est ma vie. Un jour il y a longtemps je suis venue à une réunion dans mon quartier et j’imaginais pas quelle place cela prendrait dans ma vie.

 

Arlette :

Chaque mois d’aout, j’attends le coup de fil de fabim’invitant au nouveau projet. Naje c’est ma deuxième famille. Ici je me sens bien avec les anciens et à faire connaissance des nouveaux. J’attends avec impatience de revenir chez fabi. Cette anné, on m’a dit que j’ai fait beaucoup de progrès.

 

Zahia :

Je parle mal le français. C’est Claudine qui ‘a emmenée ici. Le texte est très beau. Je l’ai fait lire à ma fille qui fait des études et elle m’a dit « c’est politique ». Je suis timide, bloquée, j’ai peur et j’avias peur avec la police si c’était politique. J’ai trouvé ma place dans le groupe. Au début je ne comprenais pas le texte, ce qu’il y a dedans, pas les mots,  mais j’ai avancé. On a partagé des choses vraies, des vraies histoires des gens de Fralib, ce qui se passe dans la vie. On est là et on partage avec les autres. Ca m’a beaucoup touchée.

 

Isabelle R :

Je voulais arrêter après la première phase des intervenants ; j’étais pas prête à m’engager. Je mettais beaucoup de distance avec le théâtre et avec le forum. Et puis je me suis dit que c’était trop bete de ne pas continuer et que je pouvais faire l’expérience d’aller au bout de quelque chose.

Quand le texte est arrivé, je l’ai trouvé génial mais je restais en retrait, discrete… Finalement, j’ai trouvé ma place, j’ai cheminé et me suis rendue compte que ce théâtre est un super outil. C’est comme un iceberg, on découvre petit à petit ce que c’est. Le forum n’est pas un aboutissement mais un début d’autre chose. J’aime bien le mot « chantier », chaque chantier débouche sur un autre chantier.

J’ai retrouvé ma voix grâce au travail avec Danielle en me disant «fais ce qu’elle te dit de faire, retire ton armure et vas-y ».

 

Saliha :

Je n’étais aps parie pour aller jusqu’au bout mais c’est un peu comme une drogue, c’est une aventure humaine.  Y’a plein de choses qu’on apprend. Jouer le PG a été dur pour moi, jouer les jaunes aussi. Je parle peu, j’écoute beaucoup car il y a beaucoup à apprendre des autres avec de vrais gens.

 

Brigitte :

Moi je suis venue après la renaissance que m’a apporté le film du spectacle sur France Télécom. Les fralibs ont du ressentir hier la même chose à voir leur situation jouée. J’ai appris des intervenants plein de trucs que je n’ai pas le courage d’aller chercher par moi-même. Grand bonheur sur toute la ligne. J’ai regretté que la dernière semaine, on n’ait plus le temps de se faire des bisous, des tartes… Dommage de ne pas avoir pu faire la fête entre les deux spectacles. Les derniers temps ont été raides.

J’avais pas pris conscience que oui, ça ne s’arrête pas là.

J’ai mal supporté l’accident de Delphine mais qu’elle revienne dès le lendemain avec son plâtre a été super. J’ai mal vécu l’incident avec V car je n’ai rien compris. J’attends l’an prochain pour un nouveau chantier.

 

Cyril : Je suis venue grâce à farida et Pauline qui m’ont invitée après un stage en Mission Locale que j’ai fait avec elles. Elles m’ont dit que c’était gratuit alors je suis venue. Au début ça a été difficile mais avec le soutien de tous, j’ai trouvé une famille que j’ai jamais eu en France. Autant d’amour et de partage. S’il pouvait y avoir des gens qui viennent raconter cela aux jeunes de mon foyer pour qu’ils voient qu’il y a des gens biens en France … Il y a eu des moments où je me suis sentie mal, rabaissée mais j’ai compris pourquoi et ça m’a fait grandir et réfléchir. Ici, personne n’est rejetté, on le prend avec ses qualités et ses défauts, je n’avais pas vu cela depuis si longtemps… Je venais ici pour recevoir des bisous, être le bébé de cette grande famille. Ici tout se donne sans compter.

 

Delphine :

J’ai appris ici ce que solidarité veut dire alors que c’est mon travail la solidarité. J’ai appr !s beaucoup avec les inervenants mais surtout avec vous tous. J’ai été très touchée que la répétition après mon accident m’ait été dédiée. Je n’ai pas l’habitude de demander de l’aide et c’est difficile pour moi mais j’ai demandé de l’aide très facilement aux uns et aux autres.

 

Jessica :

Merci à isabelle de m’avoir aidé pour ma réplique. Merci aux comédiens de nous avoir coatché. Ca m’a ouvert les yeux sur ma situation personnelle qui n’est pas facile. J’ai laissé mes enfants à mon conjoint pour m’occuper de moi, je ne l’avais jamais fait. Au début, je ne voulais pas aller dormir chez les gens mais finalement, j’y suis allée et j’ai trouvé que c’est bien d’être là le soir aussi pour discuter avec les autres, se connaître et se souder. C’est bien d’alterner : une fois chez fabienne et l’autre fois chez quelqu’un d’autre.

 

Florence :

Energie, rage et colère : on est capables de produire ça ensemble. L’être humain est capable de ça ; c’est pas vrai ce qu’on nous dit sur l’individualisme de la nature humaine. Les comédiens ont permis de produire quelque chose de vivant. Je porte plus fort en moi que ces luttes sont gagnables ensemble, c’et ça la nature humaine.

 

Jean Pierre :

Je suis venu par hasard sur l’invitation d’un collègue. Le 1er WE, je me suis demandé où j’étais puis je suis entré progressivement dans la mécanique. Je ne connaissais et pas cette forme de théâtre là et je n’avais d’ailleurs jamais fait de théâtre. Fabi m’a dit « il suffit d’avoir envie » et puis ça a été douloureux : qu’est ce qu’elle me veut cette meuf à vouloir me faire sortir des trucs de moi ?

« Tu respires mal, tu marches mal » Mais c’est quoi tout ça ?  J’étais empêtré la dedans. Qu’est ce qu’elle veut que je fasse ?

Plein de fois je me suis dit « ils font chier, je vais aller boire des bières avec mes potes »

Mais j’avais pris un engagement.

Le sens politique découvert devenait plus qu’important pour moi.

La préparation du spectacle a été très forte. J’ai essayé de faire des liens. Tous les comédiens sont très attentionnés.

Emy m’a dit dès le départ : »vas-y, j’ai confiance, tu vas y arriver ».

 

Au moment du spectacle, Pauline m’a dit « merde », ça m’a

donné une énergie folle et j’ai joué avec cette énergie.

 

Renée :

J’ai été frappée par la ponctualité des gens. Naje est une bouffée d’oxygène car je m’étiole un peu dans ma ville.
Fabi j’adore dormir chez toi mais j’adore aussi dormir chez les uns et les autres.

 

Claudine :

J’ai trouvé JP  timide au début mais  il est devenu rieur et drôle. Ca fait du bien de lâcher, c’est bon. Des mains tendues, il y en a eu pour moi, des bises… J’ai tellement eu mal cette dernière semaine ; pour tenir debout, faire le spectacle, j’ai croqué des cachetons : il fallait y être. Moi  j‘ennuie tout le monde avec naje toute l’année, j’en parle partout tout le temps, dans mon quartier, à la Mairie, dans le train… Ca va me manquer d’ici l’an prochain.

 

Siraba :

Merci à Emy et à mon assistante sociale de m’avoir fait venir. J’étais enfermée à la maison depuis 23 ans sans jamais sortir.  Là j’ai du prendre le train et le métro, j’avais très peur. Les gens d’ici ont ouvert des portes pour moi. Chez fabi on dirait que je suis chez moi. Même mes enfants ont dit que j’ai changé. Arlette merci tu es une mère pour moi. J’ai eu beaucoup de mal pour comprendre, les mots, la compétitivité  je savais pas… mais on m’a expliqué et petit à petit j’ai compris. Ca me donne de la force pour tout comprendre.

 

Muriel :

Bouffée d’oxygène. Le projet de l’an passé était plus fort pour moi car il était sur les services publics. Là j’ai jouée une écolo mais moi je me fous de l’écologie mais ça m’a donné l’occasion de jouer avec Isabelle. Je suis arrivée dans le groupe sans faire trop d’efforts pour m’y intégrer. La phrase de Philippe dans le texte sur la réunion de débat public a été une révélation pour moi : je me suis rendue compte que mon patron dit exactement les mêmes choses. Chanter ne me plait pas mais j’adore les chants que nous fait  faire Catherine sur le spectacle. J’ai regretté de ne pas faire cette année de jeux comme les bombes ou le vampire.

Mon énergie, c’est là que j’ai envie de la mettre.

 

Nicolas :

Je suis arrivé par mail sans bien savoir pourquoi. Devant la porte, j’avais les boules au ventre parce que je ne connaissais personne. C’est une année très difficile pour moi ; grâce à ces wends, j’oubliais tout ça. J’ai beaucoup rigolé, dédramatisé. C’est ma façon à moi de faire de la bienveillance. J’aurais aimé plus de vie dans la scène des zadistes (les arbres, les échanges, la récup…) et montrer plus que ces militants ont une vraie palce dans la lutte et ne sont pas des casseurs. J’avais peur que le spectacle soit dans les slogans politiques et pas dans la vie. Ca n’a pas été le cas, on a raconté des histoires sensibles. A tous, on s’en est bien sortis.

 

Jérôme :

Je suis en stage à NAJe mais en fait je ne me sens pas en stage. Je suis là. Il y a 10 ans, j’avais une compagnie et je faisais des choses un peu comme celle là et puis ca s’est arreté et je retrouve là quelque chose de cela.

J’ai entendu mon nom tout le temps avec les plots et le bouquet ca a été quand fabienne a dit : tu prends ton plot, tu lui nettoie le trou, ya peut être des trucs dedans ».

Je suis content que mon métier me permette de récupérer pour naje des matériaux achetés par les multinationales pour lesquelles je travaille puis jetés par elles. J’ai beaucoup aimé faire la tour du spectacle.

Je ne pouvais pas trouver un meilleur terrain de stage. Mon thème c’est la recherche action. Les universitaires ont du mal à penser que ce que nous faisons est de la recherche action mais je vais pouvoir écrire la dessus et leur expliquer pourquoi et comment.

Dans la vie, on se fait tous taper sur la gueule de façon différente. Ils essaient de nous diviser, les chomeurs d’un coté, les étrangers de l’autre… alors que c’est le même combat. Ici on a échangé ensemble. Moi je trouve qu’on est beaucoup à vouloir que les choses changent. Je suis très fier d’être avec vous.

 

Isabelle G :

Je suis très touchée par ce qu’ont dit Cyril et d’autres sur la rencontre avec autrui qui se passe ici. Naje, c’est la fraternité. Il y a très peu d’endroits pour mettre ses convictions en pratique, pour rencontrer des gens d’autres mondes que le sien. Je n’en vois pas. C’est le seul.

Que les fralibs aient été là, c’est prodigieux, de l’ordre de l’inespéré.

J’ai été bluffée par le calme des comédiens, la confiance profonde, la beauté incroyable.

Ça n’a pas été facile pour moi car je suis comédienne, auteure, musicienne depuis 35 ans, et dans une période de totale perte d’identité professionnelle car je n’ai pratiquement plus de boulot; j’espérais qu’on me presserait comme un citron, qu’on me demanderait « tiens écris ceci, compose cela, aide un tel avec son texte… » Ça n’a pas été le cas. C’est pourquoi je me suis souvent sentie inutile. Je me suis souvent mordu les lèvres pour ne pas trop donner mon point de vue. Certains ont dû trouver que c’était déjà trop. Mais la fraternité a été tellement forte que ça a balayé tout cela.

J’ai adoré accueillir chez moi S. Au début, je m’étais proposée plusieurs fois mais ça ne se faisait pas. Peut-être que je n’en avais pas assez envie. Mais maintenant je sais que c’est important, ce sont des moments de rencontre extraordinaires.

 

 

Sandra :

Je suis venue au début en étant sceptique sur le théâtre-forum car j’avais vu des représentations d’autres compagnies. Le théâtre c’est mon métier, ça m’a servi à me connaître et à comprendre la vie. J’avais fais le spectacle sur les sans papiers puis j’avais arrêté. Je suis revenue cette année car j’ai autre chose à trouver là.

J’ai beaucoup aimé les intervenants : j’ai cessé jeune mes études et certainement, je suis restée un peu frustrée de çà, maintenant je suis avide d’apprendre et c’était passionnant ce qu’ils nous ont racontés.

Je pensais ne suivre l’action que sur la première période des intervenants mais j’ai rencontré des gens que je n’ai pas eu envie de quitter et j’ai finalement décidé de rester. J’ai eu des périodes de doute car j’avais beaucoup de travail à l’extérieur mais bon comme je suis assez intuitive, je sentais qu’il fallait que je reste… J’ai eu un plaisir fou à venir répéter à Montreuil, vous m’avez régénérée tous. On est au cœur de la vie dans ces moments là.

 

Véronique :

Je suis revenue car j’ai senti qu’il y a là quelque chose de vivant. Le vivant m’a toujours guidée.  J’ai fait une école de théâtre puis une de mise en scène puis je suis passée à autre chose puis je suis revenue au théâtre avec vous. J’ai achopé sur la question des représentations des uns par les autres.

J’ai comprs et dépassé : aller au dela de la forme pour aller dans le fond.

J’ai parlé avec les fralibs : une fois l’œuvre finie, la vie peut commencer. Eux, ce qu’ils vont en faire. C’était un acte gratuit, d’amour, fort. Qu’est ce qu’on va faire pour que ces luttes gagnent ? même les luttes invisibles. Cette vie, je l’ai sentie là.

Il y a eu des maladresses. J’ai vécu des punitions.

 

Nathalie :

Je me prends regulièrement la tête car je bosse la semaine et le wend au lieu de me reposer mais bon je viens quand même à cause du mélange qu’il y a ici et parc eque si ne viens plus, je ne verrai plus les gens d’ici. Pour moi c’est bien d’être avec les autres, sans porter, parce que ej porte toute la semaine ma scop. J’ai flippé cette année car je trouvais qu’on n’était pas prets poru le spectacle.

 

Sigrid :

Avant naje, ma vie était déjà un gros bordel mais alors là…

J’ai très vite trouvé ma place dans le groupe. J’ai adoré l’arène de la scène. Cette année, j’ai perdu trois personnes de ma famille et c’est très dur. Mais je vous ai trouvé vous. En 9 mois, on a mis au monde un super truc. Merci d’avoir fait venir les fralibs.

 

Corinne :

J’avais jamais participé à faire un spectacle de NAJE. Je faisais du théâtre amateur et je cherchais à en faire un peu plus engagé dans mes préoccupations et j’ai entendu parler de naje à la radio. Le début à coincidé pour moi à un gros clash avec mon travail et je ne savais pas si je pourrai mener les deux de front. Il me fallait me violenter pour venir. Mais ici j’ai parlé avec des gens que je n’aurais jamais rencontré dans ma vie et ça n’a pas de prix ça.

 

Cloé :

J’ai adoré l’évolution, qu’on écoute, qu’on se réexplique ce qu’on n’a pas compris jusqu’à la veille du spectale. C’est un travail d’éducation populaire au quoitdien ce qu’on fait là.

Le texte n’a pas été écrit que par les trois mais par nous tous, par le travail des impros faites en petits groupes, nos propositions… c’est ce qui a donné des idées pour le texte et quand on l’a eu, on en encore fait des propositions poru le bouger. Le texte il sort de nos têtes à nous tous, sinon je n’aurais pas aimé.

On année a été dure ;

Ici ca a fait des allers retours avec mon travail. C’est trop. J’explosais d’amour et ça nourrissait mon travail. Je me suis remise au clown, au dessin.. des choses que je ne faisais plus.

Ca m’a donné force et confiance : je ne ma palnte aps dans ce que je veux faire, j’ai eu raison de faire les choix que j’ai faits.

 

Noella :

Je suis à NAJE depuis un bout de temps. J’y suis bien. Au fil des ans, l’étincelle éteinte en moi se ravive.

Cette année, j’étais fière de faire une agricultrice et d’avoir la phrase que je jouais car ça me rappelle plein de choses.

J’ai un sale caractère mais je me suis bien rapprochée des gens, sauf JP qui m’intimide. J’étais bien cette annee. Bien aussi de dormir chez les uns et les autres. Arlette et Renée m’ont dévergondée. Je me suis ouverte et du coup, les gens me parlent partout, dans le train, le métro.. partout les gens me parlent d’eux, de leur vie.

 

Retour d’une participante au stage de théâtre-forum de début juillet 2013

 

La compagnie NAJE a pleinement existence.

Je souhaite qu’elle disparaisse le jour où chacun aura le sentiment que les situations qu’il vit sont en accord avec la place que chacun veut et a, pour lui et pour autrui.

Le stage du 4 au 8 juillet était 5 jours très prenant, très riches, très bousculant salutairement qui a planté des devenirs meilleurs individuel et collectif (et réciproquement ;-)).

Nous avons tous eu l’occasion de remercier Clara et Farrida mais j’aimerai tirer mon chapeau à nouveau à Clara et Farrida. Chacune pouvait surement seule mener le stage mais l’éclairage des expériences personnelles réciproques est une vraie richesse. Les émotions déployées y sont fortes dans ce genre de stage ; savoir s’accorder à chacun et au groupe relève de l’excellence. Dès le 1er jour, la qualité de ce qui allait être dispensée était manifeste.

Ce sont deux femmes brillantes pour ramener à ce que le propos du stage défend. (pas scintillantes, il ne s’agit pas d’avoir vu que des guirlandes dans leurs yeux même si leur humanité est profonde).

Myriam Guillaume

Retours des salariées de la Ville de Champigny après un atelier en formation professionnelle (2010)

  1. L’atelier concernait  l’égalité professionnelle  et été mené avec le personnel féminin  de  la Ville de Champigny dans le cadre de la formation professionnelle et avec l’aide de l’Europe.

 Le bilan des participantes

D – Cela m’a permis de relativiser, il y a pire dans la vie. Maintenant j’ai moins peur de la hiérarchie. Je suis moins coincée dans mes relations avec les collègues hommes. J’ai eu de bons retours pour le spectacle.

V – ça m’a beaucoup apporté au niveau de l’expression. Je relâche ma mauvaise énergie. Je suis plus sûre de moi. Et donc j’ai moins de soucis avec ma mémoire. Il n’y a pas eu d’impact sur les relations au travail avec les hommes car elles ne sont pas mauvaises. Le groupe est génial. Cela a changé le regard des autres personnels sur nous après le spectacle. Nos histoires ont permis d’autres remontées. Certains hommes se sont remis en question. Certains ont été choqués par les propos crus.

K  – Je ressens depuis ce travail une force. Je me sens bien avec des filles formidables. J’ai voulu arrêter parce que j’étais très fatiguée. Mais j’ai tenu ; Je ne regrette pas. Mes collègues nous ont trouvées très bien.

I –  C’était ma première expérience en théâtre… A l’atelier parfois on était peu, c’était moins bien. Mes collègues n’ont pas pu venir au spectacle. Elles n’étaient pas au courant. Le problème de la communication. Absence de communication : une seule photo dans le journal de la ville

N –  C’était un challenge pour moi. Proclamer en public j’aime ça. J’ai un regard nouveau sur les relations hommes-femmes. Cela m’a aidé à combattre les préjugés, les miens et ceux des autres. L’important dans ce groupe : la confidentialité.

A améliorer : un planning précis, une info claire sur la prise en charge, le problème de la communication.

E – Je connais le théâtre-forum, mais je voulais en connaître la technique et faire un travail collectif. Le théâtre ça m’a permis de me dépasser. On a fait un travail original sur un thème essentiel. Mon frère l’a bien pris et il s’est remis en cause. Mon regard a été conforté. Certains élus ou directeurs ont pris conscience des choses. Des collègues veulent participer.

A améliorer : problème du son et faire l’atelier à un autre moment.

1- l’atelier

– Je me sens un peu plus armée, si je dois être confrontée à une situation difficile, il m’est actuellement maintenant plus facile d’avoir du répondant.

– Je suis plus sure de moi. Du fait d’avoir appris à exprimer mes sentiments, mes émotions…, j’ai l’impression d’avoir une force supplémentaire. J’ai moins honte de m’exprimer ou de donner mon avis.

– Jouer la comédienne, j’ai adoré, il y a encore du boulot, mais quel pied. Si je réitère, cette année, j’espère donner encore plus de moi.

– Je pense que pour la distribution des rôles, il aurait été préférable que toi et Emy, nous attribue les rôles. Et ensuite à nous donner notre avis.

 En ce qui concerne l’organisation, plus de communications dans nos hiérarchies respectives.

– Je ne connaissais pas le forum théâtre. D’être souvent à la place du spectateur et de se trouver sur scène, c’est pas si facile. Qu’est-ce que j’aimerai être plus à l’aise que je ne le suis. Dans tout les cas ce début de théâtre avec vous, m’a donné envie de refaire et refaire mieux.

2- le groupe

– j’ai été beaucoup gêné de jouer devant mes collègues, encore plus s’il y avait eu les hommes. Mais c’était un défi, et je suis quand même contente de moi.

– lorsque je rencontre les collègues avec qui j’ai fait du théâtre, c’est l’embrassade, le copinage, et surtout une relation un peu plus intime. J’échange également avec d’autres collègues, avec qui nous échangeons sur le théâtre. Et les hommes ?

– sur le groupe, rien à dire. Bon moment de travail, d’écoute et surtout aucun jugement. C’est ce qui m’a permis de rester dans ce groupe.

3- le spectacle

– en ce qui concerne le spectacle.  Pour une première, c’était bien, avec l’équipe. Par contre, j’aurai aimée mieux faire.

– propositions du spectateurs, il aurait fallu parler un peu plus fort.
– ce forum à amener des débats. Du fait d’avoir dit des mots et des phrases chocs, ont certainement fait réfléchir certains de nos collègues et des élus. Et aussi une remise en question, du spectateur et des comédiens.

5- perspectives

Cette expérience était une première au sein de notre collectivité, et nous avons essuyé des plâtres. Si cette année nous recommencons, je serai dans la mesure du possible avec vous, avec plaisir et détermination.

C’est trop bien le théâtre « je parle comme ma fille ».

Le bilan des participants de l’action menée sur les incivilités avec « Solidarités Ville Entreprises » à Tours (2012)

En 2012, nous avons dirigé, conjointement avec Suzanne Rosenberg, un atelier de création mêlant salariés de grandes entreprises et de la Mairie de Tours sur la question des incivilités. L’atelier a abouti à la présentation d’un spectacle de théâtre-forum sur la civilité, les incivilités commises par les citoyens et celles commises par les entreprises.

Quelques temps après la fin de l’opération, la majorité des participants ont pu se réunir pour un bilan dont nous donnons ici les notes que nous avons pu prendre.

 

Nadia : j’ai adoré rencontrer des gens que je n’aurai pas cru aussi sympathiques. Nous avons appris les uns des autres. Depuis je vois des incivilités partout.

Zach : Je stressais à mort pour aujourd’hui. Je n’ai pas dormi cette nuit. Ouf, c’est fini et la fierté de l’avoir fait est là car les retours qu’on a eu sont réjouissants. Si notre travail peut questionner un peu chacun, c’est bien. on a posé notre pierre pour le bien vivre ensemble.

Françoise : 5 jours, 6 même à me demander ce que je faisais là . Et à midi, grâce à Anne, j’ai eu un déclic. Je veux faire médiateur dans mon service.

Colette : Ma timidité est ressortie et m’a bloquée.

Avec le jeu, les spectateurs cessent d’être des ennemis et deviennent de la famille.

JP : Je suis venu sur invitation de Suzanne pour un jour et puis j’ai compris qu’il y avait 6 jours; je ne voulais pas revenir mais Bruno m’a dit qu’il serait triste si je ne revenais pas alors je suis revenu. J’ai eu beaucoup de plaisir et aucun stress pendant le spectacle. j’ai été agréablement surpris que les scènes aient fait rire même nous dans les coulisses car le public nous portait.

Patrice : On a su nous guider pour créer un esprit d’équipe. On a construit ensemble. L’approche étonnante, les jeux d’aveugle par exemple, finalement tout était utile pour la confiance, la voix… Chacun a apporté de son savoir personnel et professionnel. C’était donc très riche.

Christiane : Je suis venue par hasard. j’ai été contente de retrouver l’outil théâtre-forum. J’ai appris des personnes d’autres milieux professionnels que le mien. je suis contente de ne plus travailler et de retourner à me retraite.

Antoinette : On ne connaissait pas toutes les contraintes de chacun, les rouages institutionnels… J’ai beaucoup aimé malgré le stress et j’ai adoré nous dans les coulisses, notre solidarité. C’était très fort.

Bruno : On m’a forcé à venir. J’espérais trouver là des techniques de formation dont je puisse me servir et vous faire découvrir les contraintes de mon métier. je me suis beaucoup amusé.

Fabien :  J’ai été intégré au groupe hier pour remplacer Pascal qui est un ami.  J’ai eu plus de mal avec la scène sur EDF et j’ai eu du mal à voir comment cela peut se passer ailleurs.

Cathy : Au début, je ne voyais pas la finalité mais tout a été utile pour construire aujourd’hui. Je suis sur le cul de la cohésion du groupe qu’on a formé. C’est une expérience humaine sans mesure.  Mes chefs m’ont dit qu’ils oublieraient tout dès la porte de la salle passée.

Cenguiz : Au début j’ai trouvé cela très bizarre,  des dingues qui nous font faire des trucs chelou. je posais beaucoup de questions sur le sens de faire ça. J’ai été l’aveugle et on m’a emmené. j’ai du prendre beaucoup sur moi pour faire ça. Mais aujourd’hui le milieu théâtral m’attire plus et ici j’ai rencontré des gens supers. Si fabienne et Suzanne m’appellent pour faire du théâtre avec elles, peut être bien que je dirais oui.

Aube : Waouh. C’est une super aventure avec des gens fabuleux. On a sorti des choses qui ne venaient de nulle part. Super expérience.

Sigrid : Merci à tout le monde. Grâce au travail de Suzanne et Fabienne, on est devenus une petite famille.

Arnaud : J’étais juste là le premier jour et aujourd’hui, j’ai vu la finalité du travail.

 

Bilan d’une journée de formation de formateurs au CNP Chaingy en dec 2010

A l’issue d’une journée d’intervention au CNP de Chaingy en 2010 pour une trentaine de formateurs des Maisons Familiales Rurales, le groupe nous a envoyé son bilan de la journée. Nous continuons d’intervenir chaque année au CNP de Chaingy.

En positif :

Permet de plus vite nous connaître, créer le groupe

Permet d’avoir un autre regard sur des situations vécues

Une autre manière de trouver des solutions en s’amusant

Permet de visualiser concrètement l’impact de l’action, de la posture

Rend acteur,

utilise le vécu, concret, pratique, réel

Oblige l’engagement

Permet l’analyse

Accéder au mode de fonctionnement des autres

Bien pour s’intégrer dans le groupe et connaître les collègues

Libère le stress et met en confiance

Possible à reproduire dans les cours, les veillées

Respecte les personnalités

Il y a toujours des solutions

en négatif : difficile de faire passer ses idées avec la sculpture.

Synthèse de Marc Souet après un séminaire à la faculté de Tours
 (2006)

Ce stage a été animé conjointement par Noel Denoyel (professeur) et Fabienne Brugel (comédienne) pour des Master et était centré sur le croisement du Groupe d’Analyse des Pratiques et le Théâtre-forum. Il a eu lieu fin 2006.


SYNTHESE UE29 EP7.1

Je rédige cette synthèse un mois après la fin du GAP. Lors de la dernière séance nous avons fait forum sur la situation que j’avais présentée et que j’allais vivre une semaine après, pendant les vacances de fin d’année. C’est donc l’occasion, pour moi, d’articuler le « ce qu’ils font de ce qu’ils disent » d’Yves Clot avec ce qu’il advint, après forum…

Je me souviens d’un très beau moment de formation où nous avons créé un espace vivant, d’accompagnement « dans tous ses états ». L’alternance des mises en actes avec les mises en idées a inventé un mouvement d’appropriation et de prise de conscience, comme la difficulté à faire vivre les notions qui fondent l’éthique, déterminent les distances, les mouvements et les langues de l’accompagnement. Les « petits exercices », présentés comme tels, par Fabienne Brugel, ont permis non seulement de comprendre que ce n’est pas d’être autonome qui est difficile, mais d’accompagner l’autre, en autonomie. Au fil du module, en groupe ou à deux, d’une écoute diffuse je suis passé à une écoute sensible de l’autre, et aussi de moi-même, cherchant à percevoir les signes infimes, les mouvements discrets, secrets parfois. Comme un cheminement vers la reconnaissance de soi.
L’utilisation des images nous a projetés vers un univers sensible, mais aussi offert, où rien n’est figé, où les possibilités de changement se tissent au fil des interventions.

La reprise des situations, en GAP, après le forum a créé l’espace de réflexivité et de réciprocité nécessaire à l’accompagnement de la situation problématique. L’idée d’avoir placé le forum avant le GAP, est très intéressante, dans la mesure où la réflexion a priori aurait pu occulter certains possibles, autorisés par le théâtre, et qui s’autorisent, a posteriori, par l’écriture du contre-don final.

Ce qu’il advint de mes vingt trois malades…
La situation que j’avais proposée a été choisie pour faire « forum ». Je voudrais pouvoir témoigner ici de ce qu’il est advenu de cette situation, qui restait à vivre, après le forum.
Je devais donc retravailler pendant les congés de fin d’année, seul, avec vingt trois personnes malades à voir quotidiennement. Je vivais cette obligation comme une contrainte et une coupure de ma formation en Master, d’autant que mon projet est de ne pas de poursuivre mon activité thérapeutique. Cependant je ne pouvais me résoudre à abandonner ces personnes.
Nous avons fait forum sur cette situation, et trois images ont été proposées : avant le conflit, pendant, et la pire des issues possibles. Je voudrais juste rappeler la dernière image : je suis représenté abattu sur une chaise les bras pendant, le dos arrondi, les malades dans le même état, abandonnés, le livre que je tenais serré dans mes bras dans les autres scènes, était tombé par terre. Cette image m’a accompagné tous les jours précédant la reprise de mon travail. Plusieurs possibles ont été joués en forum…
… ce qu’il advint fut autre chose.
Les malades m’ont souvent attendu. Sans autre consigne que « il faut voir tout le monde », j’ai alterné des séances thérapeutiques classiques avec des prises en charge de groupe, autour d’activités conviviales (préparation et prise de goûters). J’ai initié des séances de lecture avec des textes proposés par les malades et les miens aussi (mémoire, concentration, stimulation sont les termes récurant des prescriptions médicales !).
Pour la dernière dernière séance d’ergothérapie, j’ai « bouclé » le moment forum/situation par un clin d’œil : j’ai lu aux personnes présentes, le texte d’Henri Michaux « Mes Propriétés », trouvé sur le site de Naje. Enfin, j’ai pu rencontrer les médecins et discuter avec eux de la pertinence et du non sens d’une telle situation. Je devais retravailler pour les vacances de Pâques. D’un commun accord nous avons convenu qu’il fallait trouver une autre solution. Je ne retournerai donc pas travailler à Pâques…

J’ai réalisé ma dernière séance d’ergothérapie vendredi 5 janvier 2007 à seize heures… Marc Souet