Le théâtre de l’opprimé

La méthode Augusto Boal

Notre outil est la méthode du Théâtre de l’Opprimé, inventée au Brésil par Augusto Boal dans les années 1960.

L’objectif de la méthode du Théâtre de l’Opprimé est de donner aux citoyens qui veulent exercer davantage leur citoyenneté un outil de parole, mais aussi d’analyse d’une réalité, de construction d’une volonté et de préparation à l’action concrète.

Il s’agit dès le début d’une remise en situation dynamique de l’individu et du groupe. Il s’agit de trouver les images qui disent la réalité, donc de décoder cette réalité, de prendre de la distance par rapport au vécu et, d’y saisir les rapports politiques. Ceci est bien un objectif citoyen : comprendre et savoir comment tout cela fonctionne, trouver quelle est sa place, quels sont ses moyens d’agir sur sa réalité.

La méthode du Théâtre de l’Opprimé a ceci de particulier qu’elle ne propose pas aux participants du groupe de travail, une entrée par la théorie ni une entrée par le quotidien mais bien par les deux à la fois: il s’agit de passer de l’histoire singulière à la problématique de société (ascèse) à travers un parcours qui mobilise les sensations, le corps, les souvenirs, les rêves et l’intellect. Il s’agit de construire sa pensée et sa volonté. La méthode permet ainsi à ceux qui ont perdu confiance dans leur capacité à créer et à penser de se restaurer dans leurs capacités, d’accéder à la conceptualisation et à la création.

Le théâtre-forum, l’une des techniques du Théâtre de l’Opprimé, permet de porter au débat public les questions qui sont celles des citoyens sur la démocratie à l’épreuve de l’économie d’aujourd’hui.

NAJE fonctionne comme un lieu de culture inventant avec des partenaires multiples, leur apportant une œuvre artistique et un savoir faire ; ainsi, la méthode du Théâtre de l’Opprimé permet que se mette en place une interaction entre les personnes et la société. Il ne s’agit pas de prendre seulement la parole, il s’agit de transformer la réalité, donc de se transformer soi-même mais aussi de permettre à une société de se transformer.

Le réseau des compagnies de Théâtre de l’Opprimé

Un réseau se structure entre les compagnies de Théâtre de l’Opprimé qui se revendiquent comme telles.
Depuis 2013, une vingtaine de compagnies se sont réunies en réseau. 
Ce que nous faisons dans ce réseau : 
– nous y échangeons nos pratiques ;
– nous transmettons les nouvelles techniques que les un.e.s et les autres avons mises au point ou les techniques que nous avons fait évoluer ;
– nous allons voir les travaux ou suivre les stages les un.e.s des autres ; 
– nous organisons des échanges de comédien.ne.s ;
– nous rencontrons des spécialistes de tel ou tel sujet qui nous intéresse pour réfléchir et avancer ;
– nous nous organisons des stages…
 Bref, nous avons choisi de collaborer et de refuser la concurrence entre nous.
 

Les groupes du réseau

Le site du réseau  : www.reseau-to.fr

Pour contacter le réseau : contact@reseau-to.fr

Les trois principaux outils de la compagnie

La compagnie NAJE pratique le Théâtre de l’Opprimé à travers trois outils principaux : les jeux, le théâtre-images et le théâtre-forum.

Bibliographie

Les livres d’Augusto Boal

L’inventeur du Théâtre de l’Opprimé, Augusto Boal, a rédigé trois principaux livres, disponibles en français aux éditions La Découverte.

  • L’arc en ciel du désir. Paris, La Découverte, septembre 2002.
  • Jeux pour acteurs et non-acteurs. Paris, La Découverte, février 2004.
  • Théâtre de l’opprimé. Paris, La Découverte, mai 2007.

Le livre des 20 ans de NAJE

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Thèses et mémoires disponibles sur le site de NAJE  

Marion Carrel : Faire participer les habitants? La politique de la ville à l’épreuve du public, 2004 (résumé de thèse)

Mémoire M2 Effrosyni SIATERLI de 2018 sur le chantier classes sociales « Les dépossédés »

Mémoire de Solène Champroy 2016

Thèse de Clément Poutot 2015

Mémoire de Myriam Cheklab sept 2015_NAJE

Un outil de participation politique, par Valentin Fellmann

Un outil d’émancipation, par Justine Lambert (thèse 2008)

Pour une redéfinition de l’action culturelle et artistique, par Sara Roger

Le théâtre en entreprise, de Kateline Martin-Phlipponneau (première partie)

Le théâtre en entreprise, de Kateline Martin-Phlipponneau (deuxième partie)

Le regard de Virginie Milliot, ethnologue, sur notre travail à Vaulx-en-Velin

Le Théâtre de l’Opprimé… et après ? Par Sylvain Bonneau

Mémoire Victoria Morin et Maïté Wag 2014 (Science Po Lyon)

 

Contributions d’intellectuels disponibles sur le site de NAJE

Sophie Coudray : La radicalité politique du théâtre de l’opprimé, 2014, Revue Période

Pierre Lénel :  Les espaces publics du Théâtre de l’opprimé, 2012, revue Metaxis

Luc Boltansky : L’incarnation de la classe ouvrière, 2001, contribution directe à Naje,

Joëlle Bordet : Étude de cas sur le travail de NAJE à Vaulx-en-Velin

 

Livres qui parlent de NAJE

* Oui à une société avec les jeunes des cités ! Sortir de la spirale sécuritaire, par Joëlle Bordet, Les Éditions de l’Atelier, 2007.

Prenons le pouvoir. Coopératives, autogestion et initiatives citoyennes, par François Longérinas, Éditions Bruno Leprince, 2013.

Quelles nouvelles voies pour la participation des habitants ? par François Hannoyer, pour Profession Banlieue, 2013.

Faire participer les habitants? Citoyenneté et pouvoir d’agir dans les quartiers populaires, par Marion Carrel, ENS Éditions, 2013.

 

Les techniques introspectives du Théâtre de l’Opprimé

Après avoir développé les principaux outils du Théâtre de l’Opprimé (théâtre-forum, théâtre-images, théâtre-journal, théâtre invisible…), Augusto Boal, frappé par l’importance dans les pays riches de ce qu’il nomme « l’intériorisation de l’oppression », se penche au début des années 1980 sur le théâtre thérapeutique et ce qu’il nomme « le flic dans la tête ». Son troisième livre L’arc en ciel du désir est un essai sur cette méthode de théâtre et thérapie.

Naje ne pratique pas directement cette méthode, mais a choisi d’y former celles et ceux qui le désirent. Tel est l’objectif des stages « Techniques introspectives » que nous proposons (Ici le contenu du stage ouvert à toute et tous, qui aura lieu en avril 2023). Vous pouvez également découvrir ici les cinq principales techniques introspectives.

 

Note méthodologique : le théâtre-forum comme outil de formation et d’analyse de la pratique

La méthode pédagogique qui sera utilisée

Ce sera celle du Théâtre de l’Opprimé Augusto Boal : les jeux et exercices, le théâtre-images et le théâtre-forum (voir plus bas).

 

L’objectif

Il s’agit pour le groupe de mettre en travail les situations professionnelles qui posent problème à une personne ou au collectif.

Le but est d’élaborer ensemble quelles actions concrètes peuvent être mises en œuvre par les participant.e.s du groupe pour transformer ces situations.

 

Les conditions

Chaque session sera réalisée en co-construction entre les participant.e.s et les formateur.trice.s. Il appartiendra au groupe de diriger ses recherches dans les directions qu’il juge nécessaires et/ou souhaitables.

Pour ce faire, non seulement les situations mises en travail seront celles apportées par les participants, mais également un point sera fait entre participant.es et formateur.trice.s chaque fin de journée pour préciser ensemble où nous en sommes et vers quoi il faut s’orienter pour la prochaine session.

Le travail s’élaborera donc à partir d’une implication forte des participant.e.s puisque les situations concrètes mises en travail seront celles données au groupe par les participant.e.s.

Pour qu’il soit possible à chacun.e au sein du groupe de dire les situations qui posent problème, trois éléments fondamentaux devront être installés dans le groupe : le non-jugement, la bienveillance et la confidentialité. Ainsi la confiance pourra advenir et les situations se dire, puis se mettre en travail collectif.

Les pré-requis pour participer sont :

  • être volontaire pour participer à ce travail ;
  • avoir le sens de l’équipe et de la vie en groupe ;
  • être en capacité de relater une situation concrète et présente qui nous met en difficulté et être en capacité d’entendre les situations et difficultés des autres participant.e.s ;
  • être en capacité et vouloir s’engager dans le travail du groupe et savoir ajuster son implication à celle des autres ;
  • être en capacité de « se déplacer » dans les images qu’on a des autres, dans la manière qu’on a d’analyser les problèmes ;
  • vouloir élaborer avec les autres des propositions concrètes et les mettre en débat.

Le déroulement d’une journée-type

En préalable à la première journée

D’abord, nous allons prendre connaissance des objectifs du ou de la commanditaire de la formation.

Ensuite, les formateur.trice.s se présenteront et présenteront leur méthode.

Puis chaque participant.e se présentera et précisera ses attentes vis-à-vis de la formation, ses peurs et ses espoirs. Ce sera aussi le moment de faire part de ses particularités si les formateur.trice.s doivent en tenir compte (situation de handicap, difficulté particulière…).

Enfin, nous nous mettrons d’accord ensemble sur les objectifs de la formation et ses conditions de réalisation.

En préalable à toutes les journées suivantes

Un « quoi de neuf » permettant au groupe d’avoir des nouvelles de ce qui s’est passé depuis la dernière séance pour chacun.e et pour le groupe.

Un point visant à rediscuter et ajuster ce qui est attendu pour la journée.

Chaque journée

Des jeux et des exercices

Les jeux et exercices que nous proposerons ne demandent aucune compétence théâtrale. Ils ne demandent que des compétences psychosociales. Ils sont importants et nécessaires parce qu’ils permettent de constituer un groupe en capacité d’être dans le non-jugement, la bienveillance et la confidentialité afin que la parole devienne libre (cela n’aboutit pas en un jour, mais doit avancer chaque jour).

Les jeux et exercices servent aussi à se « démécaniser » mentalement et physiquement pour pourvoir « se déplacer », développer ses capacité à l’analyse des différentes données et enjeux d’une situation, à accepter et ou devenir friand.e d’autres points de vue que le sien, à oser imaginer et proposer des pistes de résolution aux autres, à les améliorer avec les autres…

Certains exercices constituent par ailleurs de véritables laboratoires d’investigation sur un thème.

Du théâtre-images

Il s’agit de permettre aux participant.e.s de commencer à définir, décrire et analyser les principales problématiques auxquelles ils ou elles s’affrontent, individuellement ou collectivement.

La base du théâtre-images, c’est de construire avec son propre corps et celui d’autres participant.e.s une « statue collective » qui dit une situation et les interactions entre les personnages sculptés.

Une fois construite, l’image peut être mise en travail avec le groupe pour être :

  • précisée (quelles sont les interactions entre les différents personnages ?) ;
  • élargie (dans quel contexte s’inscrit cette situation ?) ;
  • analysée (quels enjeux apparaissent ?) ;
  • transformée (quelles actions sont susceptibles de la transformer ? recherche de ce que nous voulons obtenir comme image idéale…).

Du théâtre-forum

Cela commence avec des récits faits par les participant.e.s de situations qui leur posent problème, qu’ils vivent eux ou elles-mêmes dans la réalité et qu’ils veulent soumettre au travail du groupe.

Le groupe choisit deux à trois situations qu’il veut traiter en premier et laissent les autres situations non choisies pour les séances ultérieures.

Une fois les situations choisies, le groupe se sépare en deux à trois sous-groupes autour des protagonistes ayant relaté les deux ou trois situations choisies.

Il s’agit de mettre en scène la situation. Pour ce faire, les formateur.trice.s donneront des consignes simples qui permettront au sous-groupe de réaliser la mise en scène selon le point de vue du ou de la protagoniste. Ainsi la scène créée sera au plus près de la réalité telle qu’elle est vécue par le ou la protagoniste.

Cette scène est ensuite présentée au grand groupe qui a deux missions :

1/ Analyser la scène, la problématiques et ses enjeux, les interactions entre les différents personnages, les failles et forces des personnages…

2/ Faire forum

Il s’agit là d’élaborer collectivement des pistes d’action concrètes pour transformer la situation présentée.

Cela se fait en remplaçant le personnage avec lequel on est solidaire dans la scène et en tentant sa stratégie.

Les acteurs de la scène initiale qui restent en scène vont réagir à cette action au plus près de la réalité et tenter d’en dévoiler les conséquences à leurs différents niveaux.

Les remplacement des un.e.s et autres se succèdent, soit en écho et en prolongement les unes des autres, soit en explorant d’autres pistes pour tirer la situation de départ dans tous les sens possibles et explorer tous les enjeux qu’elle renferme et sur lesquels on peut agir. Ainsi, au fil des explorations, des pistes d’actions concrètes sont élaborées, re-questionnées, écartées ou retenues selon leur capacité à être concrétisées hors du théâtre ou non.

En conclusion de chaque journée

Un temps collectif de parole sera ouvert qui doit permettre

  • à chacun.e de dire comment il ou elle a vécu ce temps commun avec les autres, ses retours sur les techniques mises en œuvre, ses retours aux formateur.trice.s ;
  • au groupe de faire collectivement l’état du travail réalisé, des contenus qui ont été traités et non traités, de pointer les dysfonctionnements éventuels et de proposer des pistes d’amélioration, de se projeter sur une future journée si elle est prévue et de se mettre d’accord sur son contenu et ses conditions de réalisation.

Le dernier jour

Nous ferons également un bilan individuel et collectif de la formation elle-même.

Nota :

Les coordonnées (adresse mail, voire numéro de téléphone) des formateur.trice.s seront données aux participant.e.s afin qu’ils ou elles puissent les contacter en cas de besoin entre les sessions.