Cinquième et dernier week-end de formation pour le grand chantier
Les 31 janvier et 1er février s’est déroulé le cinquième et dernier week-end de formation pour les participants du grand chantier sur le travail. Derniers intervenants, dernières histoires, dernières improvisations avant la phase d’écriture du spectacle.
Le samedi après-midi, la Cie Naje a accueilli Serge Volkoff, spécialiste des conditions de travail.
Après avoir réalisé des enquêtes au niveau national et européen pour le ministère du Travail, il s’est rapproché des ergonomes (ceux qui étudient les façons de faire au travail et propose des améliorations), il a fondé un centre de recherche, le CREAPT. Il est donc intervenu sur la pénibilité au travail, a détaillé les 10 caractéristiques de la loi pénibilité de 2010 : le travail de nuit, les horaires alternés, le travail répétitif, la manutention de charges lourdes, les postures pénibles, le travail avec des outils vibrants, l’environnement de produits chimiques, le bruit, des températures extrêmes et les milieux hyperbares (plongée sous marine). Il a aussi évoqué les facteurs de risque psychosociaux (intensification, exigence émotionnelle, manque d’autonomie, rapport sociaux, conflits de valeur, craintes pour l’emploi…).
Le compte-rendu de l’intervention de Serge Volkoff
Voici les histoires qui ont été improvisées après son intervention.
– Les éboueurs d’une ville se voient contraints de revenir aux sacs poubelles parce que personne ne leur demande leur avis, que les commerçants sont mécontents des poubelles qui encombrent les trottoirs et que les automobilistes ne veulent pas de la solution préconisée : des grands containers qui sont sur des places de parking.
– Un vendeur d’électroménager se suicide parce que son responsable l’oblige à vendre des garanties de 5 ans alors qu’il sait très bien que cela rapporte beaucoup au magasin car les appareils tombent en panne soit dans la première année s’il y a défaut de fabrication, soit après la 6e année.
– Un technicien de théâtre qui prend de gros risques pour assumer la mise en place des lumières d’un spectacle en pénurie de personnel et lorsque son responsable n’est pas là.
Le dimanche, c’est Bernard Bouché, syndicaliste à Solidaires et Sud Rail qui est venu raconter son expérience. Il est formateur pour les élus du CHSCT et sur les risques psychosociaux et agit notamment sur les pressions et violences au travail (burn out, conflits, stress…). Il a expliqué le rôle de son syndicat : « À Solidaires, on essaie de pousser les militants syndicaux à être en posture d’essayer de comprendre les contraintes de boulot auxquelles les travailleurs sont confrontés. Mais ce n’est pas en multipliant les observations qu’on fera bouger les choses. Il faut être sur le terrain : voir les pratiques différentes. Il faut aller avec les carnets blancs pour écouter, questionner, etc. »
Certaines de ses histoires ont été improvisées dans l’après-midi, sur la question du droit de retrait par exemple.
Le compte-rendu de l’intervention de Bernard Bouché
À la suite de l’intervention de Bernard Bouché, nous improvisons plusieurs situations :
– la lutte des Domino’s Pizza et le droit de retrait de Vianney ;
– l’enquête après-suicide à Bercy ;
– le collectif d’assistantes sociales du CG ;
– une lutte actuelle menée par l’une des participantes du grand chantier, celle des vacataires de l’université Lyon 2. Un collectif de vacataires précaires s’est mobilisé depuis septembre, ils exigent de meilleures conditions de travail (ils n’ont ni contrat, ni salaire depuis plusieurs mois).
Par ailleurs, nous faisons un groupe de récits sur les résistances individuelles que nous avons mises en place et un groupe travaillant sur la musique et les marionnettes.
A la fin de la journée, tous les participants du grand chantier se sont exprimés pour dire s’ils continuaient ou non la grande aventure sur le travail qui aboutira au spectacle les 5 et 6 juin prochains à La Parole Errante de Montreuil.