Cloé Lorendeau

Le dimanche 16 décembre 2012, dans le cadre de notre chantier sur la propagande, nous écoutons Cloé Lorendeau qui est l’animatrice de l’Accorderie de Chambéry et qui est par ailleurs participante du chantier.

 
L’Accorderie de Chambéry
 
1-    Histoire
 
Il y a 12 ans, un couple de chambériens travaillant dans l’économie sociale et solidaire vient s’installer au Québec. Il rencontre des gens du quartier St Rock, à Québec, qui sont dans l’échange de services non monétaire (proche du fonctionnement des SEL et RRES).
Au Québec, la problématique principale étant la nourriture chère, ils créent un groupement d’achat et font des commandes en gros directement auprès du fournisseur. Ceux qui s’occupent des commandes donnent des heures de service. Chaque membre du groupement donne 1 heure de service contre 1 heure de service.
Une autre problématique est le crédit. Là-bas il y a un prêteur sur gage à chaque coin de rue qui prête à des taux très élevés. Est donc mis en place un système de micro crédit, les gens remboursent quand ils le peuvent et sans intérêt.
Au Québec, il y a 5 Accorderie. Celle de Québec compte 900 membres.
 
Les deux chambériens sont revenus à Chambéry avec le désir d’y créer une Accorderie. Au sein de l’association « La monnaie autrement » ils réfléchissent depuis 3 ans aux questions d’économie et de monnaie.
Ils rencontrent des gens de la Fondation Macif (qui finance quelques projets d’innovation sociale et solidaire) mais qui a déjà lancé un appel à projet pour trouver une structure qui porterait ce projet innovant. C’est la Régie de quartier du 19ème arrondissement à Paris qui l’avait l’emporté. Ils argumentent et au final, en 2011, 2 Accorderies sont crées, l’une à Paris, l’autre à Chambéry.
 
Trois types d’échange :
 
1– 1h de service contre 1h de service (informatique, garder un animal, arroser les plantes, ménage, créer document Power Point, jonglage, déménagement, etc. Les soins, le psy et le social sont exclus).
Chacun a son espace membre sur Internet avec son compte bancaire de temps. Il commence avec un crédit de temps de 15h afin de rencontrer des gens, d’imaginer quel service il peut proposer. Ceux qui n’ont pas Internet viennent au local et sont tenus au courant par courrier.
 
2– Se dire ce qui ne va pas. On se rencontre et on bosse sur les points soulevés. On évite ainsi que les gens partent quand ils ne sont pas contents. Autant que possible, les gens s’approprient les sujets même si c’est Chloé qui centralise les infos. Tout ce temps passé en réflexion sur le fonctionnement est compté en heures de service.
 
3– Achats en commun : sont posées quelques lignes directrices mais il n’y a pas encore d’élaboration.
 
 
2-    Fonctionnement, à Chambéry
 
Les financeurs :
– La Macif : 20 000€ par an pendant 3 ans (ce qui représente le salaire de Chloé + location du local + charges + matériel, fournitures). La Macif s’engage à trouver un financeur au bout de ces 3 ans.
– La Région Rhône-Alpes : 10 000€ (15 000 ?). On travaille (en lien avec des régies de quartier, des centres sociaux et des foyers de jeunes travailleurs) à un partenariat dans la durée pour développer d’autres Accorderies,
– La ville : environ 5 000€, ponctuellement.
Trouver des financements est un gros travail. Il faut aussi être très vigilant quant aux contre-parties réclamées.
 
L’association  La monnaie autrement a 3 projets :
– Le Sol (monnaie locale. Le projet démarre l’année prochaine)
L’Ecosol (Projet qui débute dans 3 mois)
L’Accorderie
La monnaie autrement a un CA et Marion gère l’association. L’Accorderie a un conseil d’Accorderie (qui soulage le travail du CA) composé d’un membre de la Macif, 3 représentants du secours catholique, 3 de la Régie de quartier, 5 accordeurs (membres de l’Accorderie), 5 membres de La monnaie autrement, Marion et Chloé. Chloé gère l’Accorderie.
 
Pour créer une Accorderie, il faut passer par la Macif. 500 demandes actuellement. La charte stipule que ce soit un projet d’habitants (local), qu’il y ait des gens de toutes les expériences de vie, de tous niveaux sociaux et pas forcément sensibilisés à ce genre d’expérience.
 
– Notre banque est la Nef.
– Pas besoin d’avoir des papiers pour être membre
– De la création de l’Accorderie (2011) à janvier 2012 : 50 accordeurs. En juillet : 160, aujourd’hui : 237.
– Un auto-entrepreneur ou quelqu’un qui travaille en libéral ne peut pas proposer un service qui correspond à son métier. Il y a le risque que ce soit considéré comme du travail au noir et comme concurrence déloyale.
L’Accorderie présente une plus grande diversité de gens que les Sel. Cette diversité relève de la responsabilité du salarié de l’asso qui va chercher les gens là où ils sont : bars, cages d’escaliers d’immeubles, etc.
– On essaye de travailler avec les politiques en restant vigilants sur les contreparties – sinon, certains pourraient penser que grâce à eux, on achète la paix sociale.
– A propos du déficit consommation, l’idée est que chacun soit responsable de son compte. A chaque service rendu, un chèque-montant est donné à la personne qu’on paye. Le chèque revient à Chloé qui fait la transaction sur les comptes. Si un accordeur est en gros déficit d’heures, on en parle. Par exemple, en prévision d’un déménagement (qui coûte beaucoup d’heures), on apprend à prévoir, rendre des services, faire connaître ses services pour qu’il y ait de la demande.
Beaucoup de gens donnent beaucoup et n’ont besoin de rien. Chloé les titille, leur présente les propositions des autres, etc. Elle fait du lien.
– La confiance a des limites, bien-sûr, mais pour l’instant ça fonctionne.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *