Marie-Thérèse Chaupin

Dans le cadre de notrre chantier sur les alternatives de vie en 2005, nous avons rencontré Marie-Thérèse Chaupin de la communauté Longo Maï

Notre compte rendu n’a pas été relu par Marie Thérèse Chaupin, il peut donc comporter des erreurs.

Le compte rendu

D’où vient ce mot  » Longo-Maï  » interrogent certains participants ?

 C‚est un vieux paysan provençal qui nous l‚a dit lors de notre arrivée dans les Alpilles, répond Marie-Thérèse Chaupin, cela veut dire  » qui dure longtemps « , çà nous a plu, on en a fait notre nom !

Longo Maï est une coopérative qui existe depuis 1973, constituée de 150 adultes et autant d‚enfants. Elle c‚est implantée dans onze lieus différents en France. Ce sont généralement des fermes situées dans des lieus désertifiés.

L’idée de base :

A la suite des évènements de mai 68, deux petits mouvements de jeunes en Allemagne et en Suisse, se battent pour leur statut d’apprentis et contre l‚enferment des enfants psychologiquement fragiles dans des centres mal adaptés à l’époque.

Début 70, il y a une réflexion dans ces groupes : Comment continuer la bagarre sans être sur la défensive ? Par ailleurs les problèmes sont dans tous les pays d‚Europe, l‚économie galopante ne nous enthousiasme guerre, le chômage des jeunes et la criminalisation dont on les taxe, la désertification des campagnes et la surpopulation des villes. Longo Maï commence un travail d‚analyse théorique et de recherche sur : Comment changer le monde sans armes ?

On s‚est dit, explique  Marie-Thérèse Chaupin, que la campagne se désertifiant il y avait des terrains pas trop cher que nous pourrions cultiver assurant notre nourriture, reconstruire les maisons en ruines et pouvoir partir en lutte si besoin.

Nous achetons notre première ferme, dans les Alpilles, vers Manosque à Fort Calquier, avec 300 hectares de garigue en friche depuis dix ans. Les maisons n‚avaient pas de toit sauf une, les sources n‚étaient pas entretenues. Nous étions  une quarantaine, Allemands, Autrichiens, Suisses et quelques Français. Les débuts furent difficiles car les conditions de vie étaient primitives mais nous étions jeunes (entre 16 et 25 ans) avec l‚idée de construire un idéal.  » On a toujours accueillie tous ceux qui voulaient venir,  le lieu doit rester ouvert.

La première Coop. ouvre en 1973 à Fort Calquier. Huit résidents étrangers demande un permis de séjour, refus du ministre de l‚intérieur et reconduction immédiate à la frontière.

Cette expulsion a fait beaucoup de bruit dans la presse et nous avons lancé un appel pour que des Français viennent remplacer les huit expulsés. Des gens ont afflués à raison de 6 à 8 par jour, cela  nous à donner la possibilité d‚essayer dans d‚autres lieux, d‚autres pays.

Le fonctionnement des coopératives Longo Maï :

-Le travail de la terre : culture de céréales pour nourrir le bétail (moutons, volailles, chevaux, vaches).

– Fabrication de conserves, de confiture, du pain, élaboration du vin.

– Travail de la laine et création de vêtements comme les pull-over.

Nous échangeons nos productions avec différentes coopératives pour être le plus autonome possible et nous vendons à l‚extérieur les surplus.

Les coopératives Longo-Maï en France et dans le monde :

5 coopératives en France dont la plus grande est composées de 6O adultes.

Une usine de laine avec 10 personnes.

Une ferme d‚élevage et de production de bois en Ardèche.

Une coopérative qui produit le vin.

Une coopérative de maraîchage biologique avec conserverie.

Une coopérative en Autriche : c‚est une ferme.

Une en Allemagne crée après la chute du mur avec des allemands de l‚Est.

Une en Suisse une ferme qui sert aussi de bureau.

Une en Ukraine dans les Carpates.

Une au Costa Rica.

Les règles :

Marie-Thérèse Chaupin nous explique que personne n‚est salarié. Il y a une caisse commune, il faut négocier son utilisation.

Chaque lieu est autonome dans sa gestion quotidienne.

Il y a aussi des coordinations entre les coopératives, ce qui n‚est pas sans conflits, mais tous les problèmes sont abordés en réunion de petit groupe ou plus grand groupe pour les décisions qui touchent tout le monde.

Il n‚y a pas de vote ni d‚écrit, tout est dans la négociation verbale.

Il n‚y à pas de sédentarité dans un lieu, quant un nouveau arrive on essaye de le faire tourner dans toutes les coop.

Quelqu‚un demande à Marie-Thérèse si l‚éducation des enfants est faites à l‚intérieur des coopératives ?

Les enfants vont à l‚école du village à l‚extérieur. Cependant une fois, se souvient Marie-Thérèse Chauvin, il n‚y avait pas d‚école à proximité de Longo-Maï. Ils décident donc d‚ouvrir une classe sauvage : Il trouve une vieille institutrice à la retraite et un jeune instit sans boulot, la mairie leur prête un local et cela fonctionne bien, pendant un an, avant que l‚inspecteur d‚académie décide d‚autoriser l‚ouverture d‚une école.

–  Comment faites-vous quant il y des gens qui prennent du shit ou de la drogue ?

Il n‚y en pas chez nous, nous expliquons que la drogue aliène les esprits et maintient les gens dans un état qui les empêche de lutter, et que cela permettrait à la police de venir chez nous donc c‚est NON, la personne qui n‚est pas d‚accord n‚a pas sa place chez nous.

– Comment gérez-vous les problèmes de sexualité, comme dans toutes les communautés il doit y avoir des  problèmes de jalousie, de séparation ?

Là aussi, on en discute. Nous n‚avons pas eu de vrais gros problèmes. Si parfois un couple se sépare si c‚est trop douloureux l‚un des deux peut aller travailler dans une autre coopérative et il ne se sent pas isolé, puisqu‚il les connaît toutes, il existe plusieurs liens d‚amitiés.

– Y‚a-t-il toujours des actions politiques vers l‚extérieur et en ce qui concerne l‚accueil ?

Quant il y a eu le putch au Chili nous avons demandé au gouvernement si nous pouvions accueillir 3000 chiliens ce qui a été refusé. Alors nous avons fait le tour des paroisses et des communes pour demander aux gens s‚ils pouvaient accueillir 2 ou 3 réfugiés. Quand les familles ont été trouvées, le gouvernement  a accepté de délivrer les permis de séjours.

Nous avons aussi notre radio :

En 1981, deux jours après l‚élection présidentielle, nous avons installée un petit émetteur sur une colline  avec un minimum de matériel et, nous avons commencé à émettre : musique puis infos de tous les pays, on évoquait les problèmes politiques par exemple les réfugiés kurdes, turcs, maliens.

En 1986 quand les maliens ont été renvoyés dans des charters on les a aidé à monter une radio à Bamako pour qu‚ils organisent leur résistance.

En 2000, Espagne, le pogrom, on y est allé et nous avons communiqué sur la façon dont était cultiver les tomates et comment étaient traité les travailleurs marocains exploités dans des conditions épouvantables. Nous avons réussie à mobiliser l‚opinion pour boycotter ces produits.

La gestion du quotidien :

– Comment faites-vous, concrètement, pour que toutes les tâches soient effectuées équitablement ?

Le dimanche soir on fait une liste et ce sont les personnes qui décident de ce qu‚elles feront dans la semaine : Il y a la cuisine, le ménage, les animaux, le jardinage, aller chercher les enfants à l‚école, la permanence de la radio etc.

Parfois il n‚y a personne dans une case, par exemple personne pour  faire le pain alors celui qui sait faire va apprendre à celui qui ne sait pas encore et çà marche comme çà, par cooptation.

– Et avec les enfants comment faites vous, quant ils se rebellent contre l‚éducation de leurs parents ?

C‚est les mêmes problèmes que dans les familles traditionnelles sauf que là le fait que ce soit une communauté il y a rarement d‚affrontements directes avec les parents, l‚enfant trouve facilement une autre personne avec qui il peut discuter.

Quant ils ont des vêtements personnels ou des jouets achetés parfois par des grands-parents qui vivent en dehors de la communauté il les garde puis au bout d‚un moment ils échangent d‚une façon  assez naturelle.

– Si quelqu‚un veut s‚acheter quelque chose de spécifique et qu‚il n‚y a pas assez d‚argent dans la caisse ?

Chaque personne gère la caisse à tour de rôle donc chacun à conscience des difficultés qui peuvent exister dans ce cas de figure. Parfois on peut mettre une semaine entière pour discuter des problèmes d‚argent, si l‚on doit faire appel aux donateurs, ou augmenter notre production.

De toute façon tout passe par la discussion, la négociation et cela fait quand même trente ans que l‚on dure !

 

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