Nicolas Laurent

Dans le cadre de notrre chantier sur les alternatives de vie en 2005, nous avons rencontré Nicolas Laurent des AMAP

Notre compte rendu n’a pas été relu par Nicolas Laurent, il peut donc comporter des erreurs.

 

Le compte rendu

 

Historique des AMAP :

Nicolas Laurent nous explique pourquoi et comment les AMAP furent créées en France.  » Un couple d’agriculteurs français de la région de Toulon, en voyage aux Etats-Unis, découvre le système des AMAP là-bas. C’était en 2001 : à l’époque, les consommateurs français étaient apeurés par le problème de la vache folle, la prise de conscience qu’ils mangeaient des légumes cultivés hors sol, etc. De l’autre côté, les agriculteurs étaient  » pressés  » par la grande distribution qui les forçait à vendre toujours plus et le moins cher possible (à cause de la concurrence avec les fruits et légumes venant de l’étranger) : certains mettent la clef sous la porte, d’autres survivent difficilement avec des subventions. Face à ces problèmes, le couple d’agriculteurs discute du système AMAP avec le groupe Attac d’Aubagne. Ils décident de mettre en place un premier groupe de maintien d’une agriculture paysanne avec des citoyens consommateurs et un paysan.

Comme ça a marché, cette première AMAP a été suivie de beaucoup d’autres, en seulement quatre ans ! Aujourd’hui, il y a près de 150 AMAP en France, dont 17 en fonctionnement en et 12 en création en Ile-de-France.

Chaque AMAP  a son originalité car elle est construite par ses adhérents. Mais les trois principes fondamentaux sont toujours les mêmes :

1. Faire le lien entre les agriculteurs et les consommateurs.

2. Apporter une sécurité financière à des agriculteurs qui veulent respecter l’environnement et l’être humain.

3. Aller vers une alimentation de qualité.

Au fil du temps et des expériences, les fondateurs des AMAP et les responsables de la gestion de l’association ont construit des règles et un cadre de fonctionnement toujours plus précis afin de pouvoir transmettre leurs connaissances et permettre aux personnes désireuses de former un groupe d’avoir des valeurs et des fonctionnements communs.

Principes de fonctionnement :

Nicolas Laurent nous apprend ensuite comment fonctionnent les AMAP. Pour créer une AMAP dans sa ville ou dans son quartier, on commence par une réunion. Puis :

– On met en relation un agriculteur de la région et des consommateurs.

– On définit avec lui le prix de la récolte.

– On décide d’acheter 6 mois à l’avance.

– On choisit un lieu et un jour de distribution (par exemple, tous les samedis à 17h, l’agriculteur vient avec ses légumes du jour).

– Chaque semaine, deux personnes du groupe aident au déchargement et à l’installation des légumes.

– On apporte son panier et on se partage la récolte en fonction des quantités notées pour chacun. Il s’agit de légumes de saison. Mais si on n’aime pas le radis noir, par exemple, on a toujours la possibilité de l’échanger avec d’autres participants.

– Il y aussi un bulletin, avec des recettes et des informations, qui est distribué.

– La cotisation annuelle est d’environ 15 euros.

Au départ, il y a une seule taille de panier : c’est un panier prévu pour la consommation hebdomadaire de deux adultes. Il coûte 15 euros. Si on est une famille nombreuse, on peut prend deux paniers ; si on est célibataire, on est mis en relation avec un autre célibataire pour partager. Pour qu’un agriculteur puisse vivre il lui faut vendre 100 paniers à 15 euros par semaine. Comme un groupe compte généralement une cinquantaine de personnes, il faut deux AMAP pour faire vivre l’agriculteur.

Dans un groupe AMAP, c’est aussi la solidarité entre les gens et l’entraide qui comte. Voici quelques exemples :

Comme on s’engage à payer 6 mois à l’avance, on peut fractionner les paiements.  » Il y a par exemple des RMistes qui ne peuvent pas tout payer d’un coup. Mais comme on fonctionne en petit groupe, on apprend à se faire confiance : les uns peuvent avancer la somme aux autres.  »

Durant l’été, si on part en vacances, il faut trouver quelqu’un pour aller chercher son panier. Impossible d’imaginer interrompre le système en été : c’est la saison ou il y a le plus de produits !

On peut aussi échanger ses légumes contre des services s’il existe à côté un système d’échanges locaux (SEL) : par exemple, 1 heure de ménage contre 1 heure de jardinage ou d’informatique.

Le week-end, il y a des possibilités de  » voyage à la ferme  » :  » Ca nous permet de voir comment poussent les légumes, de créer un lien entre tous et l’agriculteur. On peut aussi mettre la main à la pâte en aidant un peu, et ça nous permet d’apprendre’  »

On peut toujours intégrer un groupe AMAP déjà créé (du moins s’il reste un peu de place). Les consommateurs qui intègrent les groupes AMAP le font par le bouche à oreille. C’est souvent initié par des groupes locaux du mouvement Attac, et c’est une démarche militante.

Enfin, on peut acheter ses produits via Internet sur le site où l’on trouve aussi le bulletin d’information : www.reseauamapidf.org

Les principes des AMAP :

Trois principes généraux

– Vente directe

– Proximité

– Convivialité

Les engagements de l’agriculteur

– Fournir qualité et diversité

– Pédagogie : l’agriculteur invite les consommateurs une fois tous les six mois (au moins)

Et donne toutes les informations sur ses cultures demandées par les adhérents.

– Transparence technique et économique.

Les engagements des consommateurs

– Le préfinancement (à l’avance sur 6 mois).

– La solidarité (notamment face aux aléas naturels).

– S’impliquer dans le fonctionnement de l’AMAP.

Récits d’expériences :

Nicolas Laurent nous raconte comment ils ont convaincu un agriculteur du plateau de Saclay de travailler pour eux. Il cultivait trois sortes de céréales en rotation dans un système intensif. A force de discuter avec lui, ils arrivent à lui faire cultiver quelques pommes de terre pour une AMAP. Et ça marche. Donc l’agriculteur décide petit à petit d’aller plus loin.  » Aujourd’hui il produit plusieurs cultures différentes pour l’AMAP, et ses pratiques agricoles ont évolué vers la diversité. Il a changé, il n’est plus dans le système industriel intensif.  »

Un autre agriculteur était d’accord de travailler avec une AMAP, mais il n’avait pas d’endroit pour entreposer ses réserves de pommes de terre. Un week-end, ses futurs consommateurs sont venus le voir, l’ont aidé à nettoyer sa cave et lui ont payé l’avance sur sa récolte. L’agriculteur était incroyablement surpris : il ne voyait pas pourquoi on le payait d’avance alors qu’il n’avait encore rien fait !

Les problèmes rencontrés par les AMAP :

En 2003, dans une AMAP, il y a eu une mauvaise répartition des rôles et l’organisation en a pâti.

Il peut y avoir deux types de défauts et de problèmes au sein d’une AMAP. D’un côté, les puristes, les  » plus blancs que blancs  » qui exigent que toute la production soit bio ou qu’on n’accepte pas au sein du groupe des consommateurs qui viennent uniquement pour des raisons économiques. De l’autre, les  » procéduriers  » : ils veulent que les règles soient respectées à la lettre, que tout soit écrit et calculé, ils veulent que tout soit parfaitement cadré, ils bloquent sur l’administratif.

Les réflexions et questions des participants autour de cette intervention :

– Comment ça se passe si une culture subit le gel ?

Réponse : on compense avec une autre récolte.

– Et s’il y a une catastrophe naturelle et que tout est foutu ?

Réponse : on fait une réunion et on en discute. L’agriculteur peut accepter d’être moins payé, et les consommateurs d’être un peu moins approvisionnés. Il faut penser à la solidarité et accepter les aléas climatiques.

– Est-ce que les produits sont moins chers que dans les biocoops par exemple ?

Réponse : Les produit sont c’est en général de 10 à 30% moins cher en AMAP que sur le marché. Parfois, c’est plus cher lorsque c’est un jeune qui s’installe et qu’il n’a pas toute l’expérience.

– Est-ce qu’il arrive que certaines personnes se précipitent pour se servir et mettent les plus beaux légumes dans leur panier ?

Réponse : ceux qui arrivent en premier se servent parfois mieux, mais ceux qui arrivent en dernier ont aussi l’avantage, parfois, d’avoir du  » rab  »

– Et si, par exemple, je prends 600 grammes d’aubergines au lieu des 400 grammes prévus, que se passe-t-il ?

Réponse : cela implique une éducation citoyenne.

– Que se passe-t-il si un agriculteur ne joue pas le jeu, s’il triche en mettant des produits venant d’un marché différent ?

Réponse : on en discute en réunion, parfois les agriculteurs décident d’eux-mêmes de se retirer du circuit AMAP.

– Et si je n’ai pas envie de manger toujours les légumes du pot au feu l’hiver et ceux de la ratatouille l’été ?

Réponse : l’AMAP, c’est aussi apprendre à manger les produits de saison. Ne vous attendez pas à trouver des fraises en hiver ! Mais n’oubliez pas qu’on vous offre aussi un bulletin avec des recettes pour vous permettre de varier vos plats.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *