Paul Blanquart

Dans le cadre de notrre chantier sur les alternatives de vie en 2005, nous avons rencontré Paul Blanquart, philosophe.

Notre compte rendu n’a pas été relu par Paul Blanquart, il peut donc comporter des erreurs.

 

 

Votre projet s’appelle : les alternatives de vie. Il y a donc deux mots : les alternatives et la vie. On retiendra que les alternatives doivent être des alternatives à la mort.

Une alternative, cela doit combiner trois éléments : la théorie, la pratique et l’imagination.

 

Quelle est la logique de mort à l’œuvre ? Ce sera l’objet de l’intervention.

 

Nous sommes à l’ère de la communication. Le maître mot c’est Communication. Là est le pouvoir aujourd’hui.

 

A l’époque antérieure les grandes écoles étaient les écoles d’ingénieurs, de technocrates. Aujourd’hui les grandes écoles sont celles de commerce et de management.

A l’époque ancienne, ceux qui avaient le pouvoir étaient ceux qui possédaient les moyens de production, en d’autres termes les usines qui produisaient des produits. Aujourd’hui, c’est l’argent qui produit l’argent en circulant. Ceux qui ont le pouvoir sont ceux qui maîtrisent les flux de l’argent c’est à dire du capital et ceux qui maîtrisent l’information pour servir les premiers (le patron de TF1 n’a t’il pas dit que son but était de rendre les cerveaux disponibles à la publicité).

 

Communication = flux. Celui qui contrôle les flux est le leader. Ce sont les  » Global-leaders « .

 

Nous sommes aujourd’hui dans un système globalisé. Nous nommons cela Mondialisation en France.

 

Nous sommes traversés par les flux. La question est donc : quand le flux nous traverse, est ce encore nous qui fonctionnons dans notre cerveau. (Quand on a regardé la télévision pendant 5h par jour, est ce nous qui pensons encore ou gobons nous ce qui est émis ? Qui décide de ce qui est émis ? ) Ce flux qui nous traverse en permanence et dont il n’y a pas moyen de s’extraire nous modélise, nous rend tous pareils. Comment faire pour être vivant et non modélisé à l’image de l’extérieur de soi ?

Les flux, c’est la logique du TRANS : nous sommes traversés, transpersés et vidés.

Paul Blanquart nous dit que nos sommes tous des entubés et qu’il y a plusieurs manières d’être entubés : les entubés soft (ceux qui se gavent de TF1, ont un minimum de confort et se satisfont de penser comme les autres c’est à dire de ne pas penser et vont ni bien ni mal dans une vie intérieure pauvre) et les entubés hard qui, soit se gavent d’hallucinogènes, de médicaments et ainsi se tuent au sens propre, soit brûlent des voitures mais sans savoir pourquoi et pour arriver à quoi.

 

Personne ne peut sortir du système globalisé. Il n’y a pas d’extérieur. Les exclus ne sont pas a l’extérieur non plus, ils sont même tout à fait dedans. Alors, y’a-t-il une alternative ?

 

Paul Blanquart pense que l’alternative est dans le PAR TOUS. C’est à dire de faire en sorte que nous ne soyons plus les destinataires des flux mais aussi les auteurs des flux (émetteurs au lieu de récepteurs). TOUS MAITRES DES FLUX, c’est une définition de la démocratie.  Une démocratie, cela veut dire  pour chacun : être autonome et en relation avec les autres.

Une démocratie c’est quand chacun est singulier. C’est parce qu’il est différent que l’autre est intéressant. S’il est même, il n’a aucun intérêt.

Cela donne la complexité : on n’est pas moins unis d’être divers et pas moins divers d’être unis.  Ainsi chaque être singulier est responsable de proposer aux autres une vraie singularité, pour être intéressant et pour que l’ensemble produise de l’intelligence.

 

Paul Blanquart nous propose de retenir  IPSEITE au lieu d’IDENTITE. Ipséïté c’est  » moi même « , identité, c’est  » les mêmes  pareils « . Il nous propose donc à chacun de travailler d’arrache pied à produire notre singularité (c’est à dire notre propre pensée) et notre autonomie. (se nettoyer le cerveau, faire exister l’intériorité contre la dépression car il faut avoir une vie intérieure pour être libre).

 

Il nous propose aussi de travailler à la révolution démocratique qui n’a jamais eu lieu. Nous disons le mot démocratie mais nous ne sommes pas une démocratie, nous ne sommes pas dans un système du PAR TOUS. Nous avons échoué sur la question de la démocratie. Nous ne produisons pas des êtres singuliers et autonomes en relation avec les autres pour produire de l’intelligence collective.

Il propose de sortir de la logique du TRANS et d’entrer dans celle de l’INTER (être en autonomie dialogante avec les autres).

 

Paul Blanquart nous relate enfin sont expérience avec le journal  » La Gueule Ouverte « .

Cette expérience a duré deux ans et a échoué. Elle était basée sur deux grandes notions : l’écologie politique dans la ligne de Fournier et la désobéïssance civile.

Par ailleurs elle a tenté de combiner vie sociale et vie personnelle (le groupe expérimentait sur les rapports entre les personnes, sur les rapports hommes-femmes, sur les rapports adultes enfants et sur la vie personnelle).

 

Le groupe était allé s’installer en Saône et Loire et s’y est trouvé à contre courant des agriculteurs. Dans ce milieu qui lui semble hostile, il se referme sur lui-même. Ce groupe est donc une communauté et à la fois un courant intellectuel et politique.

 

Tout a explosé au bout de deux ans.

 

Les raisons de l’échec :

– Le groupe est refermé sur lui-même et a mélé trop de champs à la fois : travailler à penser et produire, sortir un journal, vivre ensemble en communauté. Les histoires amoureuses des uns se mélangent avec les conflits intellectuels. Tout se mélange et s’interpénetre. La communauté de vie explose.

– L’échec du passage à la politique. Le groupe allait-il s’inscrire dans le champ électoral ? Le système de représentation par les élus ne peut prendre en compte la complexité : la complexité ne peut être représentée. Mais comment peut-on combiner tous les singuliers autonomes ? Comment articuler tout cela ? Nous n’avons pas réussi à penser ce point et personne n’a encore réussi à le penser. Nous avons échoué sur cette question primordiale.

 

 

Les questions, étonnements et réflexions que cette intervention soulève pour les participants :

– Comment faire pour cultiver notre singularité quand nous ne sommes pas autonomes en ce qui concerne nos moyens de survie physique ?  (Paul Blanquart parle alors des travailleurs sociaux qui doivent avoir pour rôle d’aider à la survie oui mais en donnant la capacité de devenir autonome et singulier au lieu d’homogénéiser, d’intégrer, d’assimiler).

– Comment faire pour faire marcher notre cerveau et nous atteler à des lectures de textes qui nous semblent trop ardus et que nous ne pouvons comprendre ? (Paul Blanquart affirme que en 2 ou trois ans, nous pouvons tous avoir lu et digéré les 200 ouvrages majeurs si nous nous en donnons la peine et que c’est de notre propre responsabilité de cultiver notre intelligence).

– Comment l’Etat peut il aider à cela ? (Paul Blanquart nous dit qu’il ne croit pas que l’on puisse demander cela à l’Etat qui n’en a pas la capacité, qui est lui même soumis aux maitres des flux).

 

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