Pierre Guiard Schmid

Dans le cadre de notrre chantier sur les alternatives de vie en 2005, nous avons rencontré Pierre Guiard-Schmid.

Notre compte rendu n’a pas été relu par Pierre Guiard-Schmid, il peut donc comporter des erreurs.

Le compte rendu

Présentation du fonctionnement des coopératives :

Je travaille dans une coopérative de production en Bourgogne. C’est un choix de vie. La coopération n’est pas seulement économique. On gagne, on perd, on fait la fête ensemble, avec les autres.

Le monde coopératif est un monde considérable et divers. Les coopératives se regroupent au sein de Alliance Coopérative qui les fédère, et compte 800 000 millions de membres. Il y a plusieurs familles de coopératives : les coopératives de production, de crédit, bancaires, d’agriculture, d’éducation.

L’objectif premier est de faire ensemble, travailler ensemble, co (avec) opérer (travailler). On tente de mieux vivre ensemble. On cherche à trouver le bonheur dans le monde tel qu’il est  car on sait qu’on ne peut pas le transformer. On part du principe qu’il est plus facile de trouver le bonheur ensemble que tout seul. Et le bonheur est un combat.

Un autre objectif est d’assurer la pérennité pour les générations futures. Ce qui implique que si je mets un capital dans la création d’une coopérative, je n’attends pas de profit. Quand je partirai, je reprendrai le même capital.

Si il y a des bénéfices, des plus values, elles sont mises en réserve, pour faire face aux coups durs. Les coopératives sont dans la logique de marché. Elles sont confrontées à ce système. Certaines ne se différencient pas beaucoup d’entreprises classiques. Aucune coopérative ne ressemble à aucune autre. Chacune a son histoire. Certaines ont des chefs, certaines ont des salaires égalitaires… Certaines encore  » se taillent des parts de marchés.  » Mon dragon  »  Fagor  » est une coopérative de 30 000 personnes.

Pour réaliser un objectif, on se fixe des règles qui régissent les personnes, le fonctionnement, la prise de décisions. Les règles, comme toutes les décisions  sont votées. C’est la démocratie : un homme, une voix. S’il y a des mandataires, ils sont élus et révocables par les coopérateurs. On a une réunion mensuelle, plus une assemblée générale, plus des Conseils d’administration, plus les réunions avec  les autres coopératives.  Ces réunions permettent de gérer aussi les faiblesses humaines.

 La coopérative met en coopération :

– les savoir-faire,

– les compétences,

– les capitaux et les biens des coopérateurs,

Tout cela à des degrés divers. Par exemple, les coopératives agricoles (GAEC), le plus souvent ne sont coopératives que pour vendre et acheter.

La coopération est une alternative porteuse de valeurs :

– la responsabilité,

– le goût de transmettre et d’apprendre,

– le partage et la solidarité,

– le goût de l’aventure et du risque,

– l’envie de changer le monde.

La réussite dans ce monde se mesure à la taille du portefeuille. Alors les coopératives qui non pas cette valeur là sont traversées par des gens qui sont coopératifs et d’autres qui desservent la coopération.

 Les expériences en coopératives de Pierre :

Dans ma coopérative. En 1979, le marché du bâtiment était bouché. L’entreprise où on travaillait a fermé. On avait rien, pas de tunes, pas de biens, mais on était 5 et on était de bons professionnels. On est allé voir  »ceux qui peuvent aider les entreprises ». Nous ne les avons pas séduits. Ils nous ont répondu qu’on était légers. On ne s’est pas dégonflé. On s’est inscrit au registre du commerce. Les coopératives y figurent, il faut être au moins deux. Un ancien client voulait construire une maison. On l’a contacté et on lui a construit sa maison. Notre réputation a commencé à naître. On s’est loué, on s’est agrandi. On a été jusqu’à 10.   »Ceux qui peuvent aider les entreprises » nous ont contactés, pour finalement trouver que notre projet tenait la route. Au début on ne faisait que la maçonnerie. Au cours d’un chantier, on a croisé un menuisier, qui voulait arrêter, car il faisait tout, tout seul : la comptabilité, les travaux, les recherches de chantier, le suivi… Il nous a rejoint.

Dans une coopérative, toutes les décisions sont prises collectivement. On a une base de salaire égalitaire, sur 38, 39 heures. On a de bons salaires. Mais on n’est pas à l’heure près. Si on doit finir un chantier, on le finit.

Maintenant je suis à la retraite mais la coopérative existe toujours.

Les problèmes rencontrés dans les coopératives :

Il y a beaucoup d’histoires à raconter. En voici une : Un jeune chef de chantier était alcoolique. L’alcoolisme est un gros problème dans le bâtiment.  C’était un problème pour lui-même et aussi pour les autres entre autre car il conduisait. On organisé beaucoup de discussions, sans lui, avec lui, des tractations, des pourparlers. Il était alcoolique mais il avait aussi ses qualités. On ne l’a pas viré. Il a détruit son camion dans un car de ramassage scolaire heureusement vide. Qu’est-ce qu’on aurait dû faire?

Expériences de coopératives en Afrique :

L’africascoop est un véritable espoir. Par exemple, cela débute comme cela : une personne commande à une femme couturière un vêtement. Elle le lui fait. Petit à petit, la couturière commence à avoir de plus en plus de commandes. Elle ne peux plus assumer seule alors elle  se regroupe avec une autre pour mieux répondre à la commande. Puis d’autre encore.

Cela permet qu’elles sortent de l’isolement, qu’elles acquièrent avec un micro-crédit ou une tontine une machine à coudre, et d’autres outils pour construire petit à petit leur coopérative. En ce mettant ensemble, cela donne de la force, de l’ouverture, de l’espoir et de nouvelles possibilités.

Les questions, étonnements et réflexions que cette intervention soulève pour les participants :

– peut-on créer des coopératives avec ses propres savoir faire, même sans papier, diplôme etc. ?

Réponse : oui.

– C’est comme une entreprise mais ou il y a plus de partage et pas de patron.

– Est-ce qu’il y a des temps organisé pendant le travail pour échanger des savoirs ? Réponse : oui, nous sommes tous formé par exemple à la gestion car c’est important que tout le monde comprenne de quoi l’on parle lors du bilan. Ceci pour pouvoir participer activement à la coopérative.

– Est-ce que les salaires sont les mêmes que ceux du marché du travail ?

Réponse : oui, les salaires sont les même, seulement, les disparités de salaire du à la hiérarchie sont moindre ou alors, tous ont un salaire égalitaire.

– S’il n’y a pas de hiérarchie, comment faites vous pour gérer les conflits ?

Réponse : nous faisons des réunion avec tous le monde.

– Est-ce que toutes ses coopératives qui retissent des liens entre les individus ne risque pas de devenir des organismes sociaux plutôt que des sortes d’entreprises ?

Réponse : Cela dépend de la collaboration entre les partenaires et des envies. Mais un travail dans une coopérative, c’est un choix de vie qui touche à la vie privée aussi.

– Les coopératives ça montre que l’union fait la force !

– Ca me pose la question de pourquoi ne pas vivre autrement que ce que l’on a appris.

– Comment je fais pour fonctionner dans une coopérative si j’ai des difficultés avec la prise de responsabilité mais que j’ai envie de faire partie de la coopérative ?

Réponse : cela s’apprend. Dans une coopérative, on tien comte des compétences et des difficultés de chacun. L’envie et le plaisir sont très importants.

– Mais comment s’acquiert la responsabilité ?

Réponse : on ne naît pas responsable, on le devient !

– Combien faut-il de personnes pour créer une coopérative ?

Réponse : 3 personnes.

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