Retours de notre intervention du 12 janvier 2015 à la Fondation Abbé Pierre
Le 12 janvier après midi, nous étions six de Naje et une cinquantaine de bénévoles de l’Espace Solidarité Habitat de la Fondation Abbé Pierre et les juristes de la Confédération générale du logement (CGL).
La demande qui nous avait été faite : mettre en scène les problématiques des bénévoles lors des entretiens qu’ils ont avec les gens qui sollicitent l’Espace Solidarité Habitat de la Fondation Abbé Pierre pour une aide juridique autour du logement, le plus souvent en cas d’assignation au tribunal en vue d’expulsion ou en cas d’insalubrité du logement.
Les personnes sont reçues pendant trois quarts d’heure par le ou la juriste et le ou la bénévole. Elles reçoivent des conseils concrets sur comment faire, des informations sur comment les procédures sont mises en œuvre et ce qu’elles peuvent faire, leur dossier d’aide juridictionnelle est complété, leur situation écoutée…
C’est court, trois quarts d’heure pour accueillir, écouter, décider de comment faire, monter les dossiers, contacter l’un des avocats qui travaille avec la Fondation… Parfois on rit, parfois on pleure, parfois on ne sait s’il faut écouter ou faire le dossier, parfois on est impuissant devant tant de détresse. Et puis, être à deux avec chacun sa spécificité pour mener l’entretien, c’est le plus souvent riche, mais parfois les sensibilités ne sont pas tout à fait les mêmes, les questions de morale se discutent…
C’est de tout cela que nos scènes ont parlé. Nous les avions préparées après avoir assisté nous mêmes à des entretiens et interviewé quelques-uns des bénévoles. Elles ont permis aux bénévoles et juristes réunis de jouer et débattre ensemble de leurs différentes pratiques, de leurs manières de voir et de faire, de leurs joies et peines, de leurs soucis, de leurs questions…
Voici quelques-uns de leurs emails du lendemain
« Encore un grand merci pour votre performance d’hier ! Chapeau bas ! Tant pour la justesse de votre interprétation à tous, que pour le travail d’écriture dans lequel tout le monde a pu se reconnaître ainsi que pour avoir réussi à vous approprier un langage juridique peu facile d’accès. »
« Comme quoi on peut aborder des sujets délicats par le sérieux et par le rire, dans la même journée, s’auto-critiquer, éclater de rire en découvrant des caricatures de soi-même… Et tout ça fait grandir encore un peu plus… »
« Ce travail théâtral m’a fait prendre conscience beaucoup mieux que tous les discours que, sur le fond, nous nous engageons dans ce travail auprès des publics de l’ESH de manière très différente, en partageant des valeurs certes, mais avec énormément de nuances morales dans nos têtes, liées à nos histoires et convictions respectives. Mais cela ne nous empêche ni de nous respecter ni d’agir ensemble et d’être efficaces, à la condition d’en parler parfois ensemble comme hier. Une façon de prolonger la marche républicaine… Amitiés, et surtout ne lâchons rien ! »
« Ça a été une très belle découverte, un moment très riche et drôle, pertinent et impertinent, surprenant, déroutant, bref… comme on aimerait en vivre plus souvent ! Merci à vous tous. En vous souhaitant beaucoup de plaisir et de réussite dans vos futurs projets ! »